Les deux attentats-suicide qui se sont produits en l'espace de 24 heures en Irak ont fait une centaine de morts irakiens. Mercredi matin, une voiture piégée, conduite par un homme, a explosé. Elle était chargée d'environ 150 à 250 kg d'explosifs qui se composent de pains de plastic mélangés à des obus d'artillerie pour en accentuer l'impact meurtrier. La cible étant un centre de recrutement de la nouvelle armée irakienne, situé dans l'ancien aéroport Al Mouthana. C'est une base aérienne longtemps désaffectée mais récupérée récemment par la nouvelle armée irakienne. L'explosion a entraîné la mort de 44 personnes dont la plupart sont des soldats irakiens récemment recrutés. Elle fait aussi 35 blessés. Mardi matin, un autre attentat suicide a eu lieu. Cette fois-ci, un camion piégé a sauté devant un commissariat de police où avait lieu le recrutement de policiers. En effet, des centaines de personnes sont venues déposer leurs candidatures au commissariat d'Iskandariya à 45 km au sud de Bagdad. La déflagration a tué 53 personnes et a fait des dizaines de blessés dont les recrues irakiennes potentielles. Les deux attentats ont donc ciblé les nouvelles forces de sécurité irakiennes, soulevant ainsi une polémique. Cette dernière concerne l'identité des auteurs des attentats. Selon Ahmed Kazem Ibrahim, le chef de police irakienne, l'auteur ne peut être qu'un étranger « car l'opération a visé uniquement des civils irakiens ». Le colonel Mubari refuse de voir dans cet attentat un acte ciblé spécifiquement contre la police : « Ce que je veux que l'on sache, c'est que ceux qui ont fait cela, je ne sais pas qui, attaquent des personnes innocentes. La cible n'était pas la police ». Ce qui alimente les suppositions américaines qui maintiennent l'implication du réseau terroriste al-Qaïda. Aussi les spéculations soulevées à ce propos vont bon train. Le document récemment trouvé et attribué à Abou Moussab al-Zarqaoui, devient une preuve à charge. Pour le chef d'état-major interarmées américain, Richard Myers ce texte présente « une tactique désespérée pour inciter les Irakiens à la violence contre d'autres Irakiens, c'est-à-dire les chiistes contre les sunnites ». en ajoutant elle «vise à assurer une poursuite de l'extrémisme ». Ahmed Ibrahim, vice-ministre irakien a déclaré que « ce crime n'arrêtera pas la marche du peuple vers la liberté ». En effet, une série d'attentats ont frappé les Irakiens collaborant avec les forces d'occupation américaines. « Si les Irakiens refusent de rejoindre les rangs de la police et de l'armée, cela revient à dire aux Américains: restez ici à jamais » déplore un rescapé de l'attentat-suicide. Les deux attentats ont eu lieu au début d'une mission de l'ONU qui étudie la possibilité d'organiser des élections générales avant le 30 juin. Les experts dirigés par Lakhdar Brahimi, conseiller de M. Annan espèrent présenter un rapport d'ici fin février. Par ailleurs, l'inexistence des ADM en Irak, qui justifiait l'invasion de l'Irak, continue de révolter les Américains et de soulever de vives critiques dirigées contre G.W. Bush. À ce propos, le Washington Post a publié un encart d'une page avec une photo de Bush au-dessus des mots « il savait », où un groupe d'opposition pro-démocrate a appelé le Congrès américain à censurer George W. Bush. Ils l'accusent d'avoir conduit les Etats-Unis dans une guerre inutile qui a fait «3000 blessés, et qui a coûté plus de 100 milliards de dollars », écrit le groupe anti-Bush. La censure est une condamnation écrite rédigée par le Congrès qui n'a pas de valeur exécutoire. Alors que le président américain George W. Bush devait lancer un appel au renforcement de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive (ADM), en estimant les mesures prises jusqu'à présent insuffisantes. « Les moyens traditionnels auxquels on a recouru, l'endiguement et la dissuasion, qui marchaient dans l'ancien contexte ne vont pas forcément fournir la protection nécessaire » dans l'ère qui s'est ouverte le 11 septembre 2001, a souligné un responsable de la Maison-Blanche avant le discours que devait prononcer M. Bush devant l'Université de défense nationale.