La première séance d'intervention mensuelle du chef de gouvernement, consacrée aux questions orales à la Chambre des conseillers, a été reportée suite à une vive polémique entre le gouvernement et les conseillers. Dominée par une opposition forte, la Chambre des conseillers continue de mener la vie dure au gouvernement. Mardi 5 juin, la première séance d'intervention mensuelle du chef de gouvernement, consacrée aux questions orales à la Chambre des conseillers, a été reportée suite à une vive polémique entre le gouvernement et les conseillers. Motif : le temps imparti à chacune des deux parties. «On tient à ce que l'opposition ait une durée raisonnable pour s'exprimer sur les trois points importants à l'ordre du jour, à savoir les prochaines élections communales, les efforts de lutte contre la corruption et la rente, ainsi que l'impact de la crise économique mondiale sur l'économie nationale», a indiqué à ALM Larbi Habchi, conseiller et membre du comité central de la FDT. Ainsi, les groupes de l'opposition ont insisté sur le fait de consacrer le tiers de la durée de cette séance au gouvernement, en la personne de son chef, et les deux autres tiers aux conseillers. Ils ont également appelé à ce que la durée réservée à cette séance soit plus longue que celle qui s'est déroulée à la Chambre des représentants en mai dernier (4 heures et 20 minutes). En l'absence d'une base juridique, les conseillers justifient leur position par le fait que la Constitution, en particulier l'article 100, accorde un rôle plus important à l'opposition pour consolider sa fonction de contrôle sur l'action du gouvernement. Pour sa part, l'Exécutif s'est attaché au principe d'égalité de temps de parole entre le gouvernement et les représentants de la nation. Dans ce sens, le ministre chargé des relations avec le Parlement et la société civile, Lahbib Choubani, a indiqué que la logique suivie par les conseillers est difficilement justifiable constitutionnellement, juridiquement et au vu des us et de l'histoire du Parlement marocain. D'autant plus que la Constitution donne la primauté à la première Chambre. «Cette séance devait suivre le même schéma que la séance qui a eu lieu à la Chambre des représentants en mai, c'est-à-dire que le temps de parole soit de 3h30, réparti équitablement entre le gouvernement et les conseillers, majorité et opposition confondues». Mais pour les conseillers de l'opposition, le gouvernement voudrait monopoliser le débat. M. Habchi réplique : «La Chambre des conseillers n'est pas une chambre d'enregistrement, comme c'est le cas de la 1ère Chambre. Nous sommes une institution indépendante constituée de composantes territoriales, économiques et sociales. C'est pour cela que le débat doit être profond». Et le conseiller de la FDT de poursuivre: «Les 7 minutes imparties au groupe fédéral qui est l'un des plus actifs à la deuxième Chambre, sont insuffisants». Par ailleurs, rappelons qu'après la levée de la séance pour consultations, le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah, qui a présidé la séance, a annoncé la décision du bureau de la Chambre de reporter sine die la séance tout en maintenant inchangé son ordre du jour. Aucune date n'a été annoncée, et si le bureau de la 2ème Chambre n'arrive pas à trouver un consensus pour mettre fin à ce conflit, ce sera au Conseil constitutionnel de trancher en donnant son avis sur les modalités de cette séance mensuelle du chef de gouvernement, consacrée aux questions orales à la Chambre des conseillers.