Le gouvernement Benkirane a entamé, mardi, sa toute première entrée dans l'arène, lors de la première session des questions orales à la 2e Chambre du parlement. Le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, a été le premier interpelé par cinq conseillers sur des questions plutôt techniques. L'ancien avocat des salafistes s'en est bien tiré, bénéficiant même de l'indulgence accordée aux débutants. Mais ce sont les piètres résultats du Onze national lors de la CAN 2012 qui ont, incontestablement, ravi la vedette aux autres dossiers. Enquête sur la Fédération Conformément à l'article 128 du règlement interne de la Chambre des conseillers, trois droits d'informer sont réservés à cette élimination. L'opposition (RNI, PAM, USFP et FDT) en a d'ailleurs fait son principal cheval de bataille durant la session du mardi. Le premier coup de semonce allait être donné par le groupe RNI. Ne faisant pas dans la dentelle, un membre du parti de la Colombe a demandé au gouvernement de se saisir de cette affaire et de dévoiler au grand public les raisons de cet échec. Dans son intervention, le conseiller du RNI s'est prononcé pour la démission du bureau de la Fédération royale marocaine de football. Même son de cloche chez le groupe fédéral. Larbi Habchi a proposé l'ouverture d'une enquête sur la fédération que préside Ali Fassi Fihri. Il allait ensuite enchaîner avec les cas de dilapidations de deniers publics, cités dans le dernier rapport de la Cour des comptes, tout en sollicitant le cabinet Benkirane d'entamer les poursuites judiciaires qui s'imposent contre les mauvais gestionnaires des sociétés publiques. Du football à la politique, Habchi allait également demander à l'exécutif de rendre public le rapport de la commission d'enquête sur l'Office de commercialisation des exportations (OCE). Dans son droit d'informer, le groupe PAM a, de son côté, sommé le cabinet Benkirane de révéler aux Marocains le salaire exact du sélectionneur du Onze national. Les élus de l'USFP à la 2e Chambre se sont joints aux revendications des autres composantes de l'opposition, en réclamant tout simplement la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur le sport favori des Marocains. Sauf que cette demande est loin d'être une nouveauté. Pour mémoire, en 2006, juste après l'élimination du Onze national de la CAN en Egypte, les Conseillers du parti de la Rose avaient entrepris une collecte de signatures pour mettre en place une commission d'enquête. En vain. Emballés par la proposition, certains conseillers avaient adhéré à l'initiative avant de se rétracter sous la pression et certaines promesses. Cette fois, la donne a changé. Une procédure légitimée par la loi Politiquement, l'opposition se sent plutôt libre d'entamer une telle procédure. Le gouvernement n'y peut que consentir. Légalement, la Constitution du 1er juillet dernier favorise ce genre d'initiative. La barrière des deux tiers a été réduite au tiers seulement des parlementaires. L'article 67 en fixe d'ailleurs les modalités : « A la demande du tiers des membres de la Chambre des Représentants, ou du tiers des membres de la Chambre des Conseillers, au sein de chacune des deux Chambres, des commissions d'enquête formées pour recueillir les éléments d'information sur des faits déterminés ou sur la gestion des services, entreprises et établissements publics, et soumettre leurs conclusions à la Chambre concernée. Les commissions d'enquête ont un caractère temporaire. Leur mission prend fin par le dépôt de leur rapport auprès du Bureau de la Chambre concernée, et, le cas échéant, par la saisine de la justice par le Président de ladite Chambre. Une séance publique est réservée par la Chambre concernée à la discussion des rapports des commissions d'enquête». Avec la pression du citoyen lambda, des médias, et de l'opposition, le dernier mot n'a pas encore été dit sur ce sujet aux proportions nationales et…nationalistes.