L'oral du Chef du gouvernement à la 2e Chambre, mardi 5 juin, a été reporté. Et pour cause, le non respect de l'égalité du temps de parole. Que s'est-il vraiment passé ? Abdelilah Benkraine refuse que la temps de parole consacré au gouvernement soit limité au tiers. La tension a pris place à la Chambre des conseillers dès le début de la séance, tant attendue du mardi 5 juin, durant laquelle le chef du gouvernement devait se soumettre à l'épreuve du grand oral. Après avoir passé son premier examen, le mois dernier à la Chambre des représentants, Abdelilah Benkirane devait renouer avec cet exercice face aux conseillers composés essentiellement de partis de l'opposition. Le coup d'éclat Entamée avec un retard de près d'une demi-heure, la séance, dont l'ordre du jour devait porter sur la moralisation de la vie publique et la lutte contre la corruption, l'impact de la crise économique internationale sur l'économie nationale et les prochaines échéances électorales, s'est tout de suite transformée en un terrain de conflit. Et pour cause la déclaration du ministre chargé des relations avec le Parlement et la société civile, El Habib Choubani, annonçant que le gouvernement refuse le non respect de l'égalité dans le partage des tranches horaires de la séance que les conseillers ont proposé de prolonger un peu plus en fixant sa durée à 4h15min. La part du gouvernement limitée à un tiers face aux conseillers qui s'adjugent le reste a fini par légitimer le coup d'éclat du gouvernement. « Nous avons été choqués par cette décision de la Chambre des conseillers d'autant qu'elle n'est légitimée par aucun principe juridique ou constitutionnel et encore moins par les coutumes d'usage au sein de cet institution », lance Choubani interrompu par des conseillers en colère. L'interruption de la diffusion en direct habituelle de la séance par la télévision a eu l'effet de la goutte qui fait déborder le vase. Les conseillers se sont insurgés accusant le gouvernement de vouloir cacher la vérité aux citoyens et d'instaurer un monopole. « Ce n'est pas un procès auquel nous voulons intenter à Benkirane, nous voulons juste lui transmettre les problèmes des citoyens que nous représentons. Pour cela, nous ne sommes pas tenus d'appliquer littéralement la Constitution mais de trouver un consensus afin de mieux servir les citoyens », insiste Lahbib Laâlaj qui conduit le groupe du RNI à la Chambre des conseillers. L'USFP a, quant à lui, appelé le gouvernement à se soumettre à ce premier exercice du genre au sein de la Chambre des conseillers et de profiter de « ce moment historique » au lieu de se focaliser sur le respect des textes. Le report inéluctable Face à l'agitation, le président de la Chambre des conseillers, Mohamed Cheikh Biadillah décrète vers 16h10 une pause de dix minutes qui durera, en fait, près de deux heures. De retour à 18h, Biadillah annonce le report inéluctable de la séance. « Nous avons décidé de conserver le même ordre du jour et de tenir la séance à une date qui sera fixée ultérieurement. Ce sera soit le mardi, à l'occasion de la séance hebdomadaire des questions orales, ou un autre jour », déclare-t-il. Les conseillers ont tenu toutefois à exprimer leur regret que la séance n'ait pas eu lieu. * Tweet * * *