La Chambre des Conseillers a décidé, lundi, de reporter à une date ultérieure la session qu'elle devait tenir pour la première fois pour écouter les réponses du chef du gouvernement aux questions orales de ses membres. Ce report est intervenu après que l'opposition et la majorité n'aient pas pu parvenir à s'entendre sur un certain nombre de questions de procédure concernant notamment le temps que doit durer la séance et sa répartition entre le gouvernement et les Conseillers. Réagissant aux interventions des Conseillers, le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, a affirmé avoir préféré participer à la séance des questions orales de la Chambre au lieu de se contenter d'une intervention télévisée pour éclairer l'opinion publique sur un certain nombre de questions dont en premier lieu les raisons ayant poussé le gouvernement à augmenter les prix des hydrocarbures et d'autres questions d'actualité. « Je tenais à venir expliquer devant les Conseillers que l'augmentation des prix des hydrocarbures est une nécessité pour l'économie nationale afin de préserver la position du Maroc et lui permettre de faire face à toutes les difficultés», a-t-il dit, précisant que cette mesure intervient au moment où les préparatifs sont en cours pour procéder à une réforme de la Caisse de compensation dans le but de permettre aux couches sociales nécessiteuses de bénéficier de manière effective des subventions de l'Etat, comme le propose dans son dernier rapport le Conseil de la Concurrence. Les subventions accordées à la Caisse de compensation bénéficient beaucoup plus aux couches aisées qu'aux pauvres, d'après ce rapport. Les augmentations décidées visent aussi à faciliter l'action des entreprises en matière d'investissement et de création de la richesse, a-t-il affirmé, précisant que le gouvernement n'a nullement l'intention de supprimer la Caisse de compensation. « J'ai préféré participer à cette première séance mensuelle de la Chambre des Conseillers, pour répondre aux questions orales des conseillers et présenter à l'opinion publique toutes les données nécessaires pour expliquer pourquoi le gouvernement a décidé de prendre cette mesure impopulaire d'augmentation des prix des hydrocarbures, au lieu de le faire à travers les chaines de télévision nationale », a-t-il affirmé, à l'issue d'une séance houleuse et tumultueuse. Il a en outre précisé que c'est à 14H35 qu'il est arrivé, démentant ainsi les propos d'un Conseiller qui lui reprochait d'être arrivé avec un retard de 29 minutes. “Et s'il y a quelque chose pour laquelle, il faut s'excuser, c'est bien celle de la non transmission en direct dès le début cette séance”, a-t-il ajouté, précisant que cela « ne me diminue pas ». Il a rappelé que contrairement à ce qui est prévu dans la Constitution, les questions orales des Conseillers n'ont été adressées au gouvernement que récemment et non pas un mois avant, ajoutant qu'il est impossible pour le gouvernement d'accepter par principe une répartition inégale du temps qui sera consacrée à la séance, comme le réclame l'opposition, qui propose au chef du gouvernement un tiers et les deux tiers restants aux groupes parlementaires. Pour régler la question, il a proposé de soumettre le dossier au Conseil constitutionnel. Selon lui, il aurait été préférable pour la Chambre des Conseillers de s'inspirer de l'expérience de la Chambre des représentants en se contentant d'une séance de 3H30 au lieu de 4H15, comme le soutient l'opposition. Si les conseillers sont des représentants de la nation, le gouvernement actuel est issu lui aussi des urnes, à l'issue d'un scrutin honnête et régulier, a affirmé le chef du gouvernement, avançant être disposé à allonger cette session le temps qu'il faudra si c'est nécessaire. Dès l'ouverture de cette séance, les chefs des groupes parlementaires se sont perdus dans des discussions « byzantines », selon un Conseiller. De tels débats limités à l'organisation de cette séance l'ont en effet « vidé de sa substance, à savoir l'examen des questions orales à l'ordre du jour », a souligné Me Abdellatif Ouammou, membre du groupe de l'alliance socialiste. Il est regrettable que cette séance soit détournée de son objectif initial, a-t-il dit, proposant au président de s'en excuser auprès de tous les Marocains. Dominé par l'opposition, qui y est majoritaire, la Chambre des Conseillers n'a donc pas pu tenir sa première session devant être consacrée aux réponses du chef du gouvernement, tant attendues par l'opinion publique. Nombre de Conseillers ont préféré ignorer l'intérêt du pays en prenant en otage au vu et au su de tout le monde le chef du gouvernement et des membres du gouvernement.