Il se tient dans le box des accusés, comme un enfant qui vient de commettre une bêtise, baissant les yeux. Il se tient dans le box des accusés, comme un enfant qui vient de commettre une bêtise, baissant les yeux. Il n'arrive pas à fixer du regard les trois magistrats qui se tiennent au perchoir. Il balbutie d'une voix à peine audible, ses réponses aux questions du président de la Cour au point que personne ne l'entend. Nous sommes dans la Chambre criminelle près la Cour d'appel d'El Jadida. La salle d'audience est archicomble et plusieurs affaires criminelles ont été examinées avant l'ouverture du dossier concernant ce jeune de vingt-huit ans. Le président de la Cour ne cesse de lui recommander de hausser un peu la voix pour permettre aux magistrats, au représentant du ministère public et au greffier de bien noter ses réponses. Le jeune homme essaie, mais y parvient difficilement. «Je n'avais pas l'intention de le tuer», balbutie-t-il. Le président de la Cour lui demande d'expliquer le mobile et les circonstances de cet incident et non de soutenir s'il avait l'intention de le commettre ce crime ou non. L'acte d'accusation l'explique déjà puisque l'accusation est pour «coups et blessures ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner». «Il m'a provoqué, M. le président», répond le jeune homme. «Il suffit d'être provoqué pour commettre un meurtre!» C'est l'exclamation faite par le président de la Cour qui reprend l'interrogatoire du mis en cause. Celui-ci affirme qu'il était chez lui quand un voisin a frappé à la porte. Quand il lui a ouvert, il l'a informé qu'un jeune du quartier harcelait sa sœur. Sans trop se poser de question, le jeune homme est sorti de chez lui pour aller à l'autre bout du quartier. Là, il a remarqué que sa sœur sanglotait. Pour quelle raison ? Un jeune du quartier l'a giflée parce qu'elle a refusé de céder à sa demande. Le jeune homme s'est mis à sa recherche, mais ne l'a pas trouvé. En compagnie de sa sœur, il retournent chez eux. Le soir, il était chez lui quand il a entendu encore une fois des coups à la porte. C'est le jeune qui a harcelé sa sœur qui est venu à sa rencontre tout en étant dans un état second, sous l'effet de la drogue. «Il m'a dit qu'il était venu pour gifler ma sœur, de nouveau et devant moi. C'est de la provocation, M. le président», précise-t-il. Armé d'un couteau, le jeune homme est sorti à sa poursuite, avec juste l'intention que de lui faire peur. Mais, malheureusement, leur rencontre a mal tourné. Verdict : Huit ans de réclusion criminelle.