«Nous ne pouvons plus fonctionner, entretenir et payer le personnel avec des promesses. Nous serons bientôt amenés à mettre les clés sous la porte». Suite au non renouvellement de la convention qui lie l'Association des parents et amis des enfants inadaptés (APAEI) au ministère de la solidarité, de la femme, de la famille et du développement social, plus de 250 enfants handicapés mentaux seraient privés de scolarité et d'assistanat. «Il s'agit d'une mise à mort d'un des grands espoirs des handicapés mentaux à Casablanca et ses régions. Le ministère met en danger l'avenir de ces enfants». C'est l'alerte qu'essaie de faire passer Ali Redouane, président de l'APAEI. Cette convention, qui aurait dû être renouvelée en septembre dernier, engageait le gouvernement de tutelle à subventionner la scolarité des plus démunis à hauteur de 900 DH le mois. Il faut souligner ici que la prise en charge réelle d'un seul enfant dépasse 2.500 DH. La différence est évidemment supportée par l'association. «Nous accueillons au sein de notre association plus de 400 enfants qui sont à 80% issus d'un tissu social très fragile. Nous avons sollicité le ministère de tutelle par tous les moyens, mais nous nous heurtons toujours à un mutisme injustifiable», s'alarme M. Redouane. Dans l'objectif d'en savoir plus sur les raisons de ce refus ou retard de subventionnement, ALM a essayé de contacter à maintes reprises la ministre de tutelle, Bassima Hakkaoui. Cette dernière est restée injoignable. Cette association, qui fonctionne depuis bientôt huit mois sans l'aide du gouvernement, est arrivée au bout de ses capacités. «Nous ne pouvons plus fonctionner, entretenir et payer le personnel avec des promesses. Nous serons bientôt amenés à mettre les clés sous la porte», note le président de l'APAEI. Face à cette situation, le personnel qui n'a pas été rémunéré pour ses prestations, depuis trois mois dit ne plus pouvoir assurer ses tâches dans des conditions pareilles, ce qui constituerait une paralysie totale de l'APAEI. «Quoique nous soyons extrêmement conscients de la complexité du problème, nous avons des familles à prendre en charge. En cas de non résolution de la situation, nous serons dans la contrainte d'arrêter définitivement d'assurer notre mission au sein de l'APAEI», lit-on sur une lettre d'avertissement adressée à Ali Redouane au nom du personnel de l'association en question. Ainsi, face à cette situation, les parents de ces enfants ont observé plusieurs sit-in afin d'attirer l'attention des responsables sur ce dossier. Il faut dire que ce non renouvellement de la convention de partenariat pourrait avoir plus de conséquences que prévu. «Ces parents sont prêts à donner leurs âmes pour sauver l'avenir de leurs enfants. Certains, dans un désespoir massacrant, ont même menacé de s'immoler par le feu en compagnie de leurs enfants et ce ne sont pas que des paroles qu'on ne prend pas en considération!», s'indigne le président de l'APAEI. A l'heure actuelle, le ministère responsable de cette situation campe sur son mutisme et toute tentative d'entrer en contact avec les responsables de la part de l'APAEI a été vouée à l'échec. En attendant, les parents de ces enfants handicapés mentaux continuent de revendiquer les droits de leurs petits par tous les moyens possibles mais le temps presse. Faute de renouvellement de ladite convention, les moyens financiers de l'APAEI s'épuisent en même temps que l'avenir de ces enfants qui en ont grand besoin.