Chaque année, des centaines de patients sont en attente d'une transplantation. Qu'il s'agisse d'un rein, d'une cornée, d'un foie ou d'un cœur, les greffes ne sont pas monnaies courantes au Maroc. Les donneurs se comptent sur les bouts des doigts. Les statistiques annoncées par le ministre de la justice et des libertés, Mustapha Ramid, témoignent de ce constat alarmant. «Sur une période de onze années, seulement 800 personnes se sont inscrites dans les registres de dons d'organes après décès», a-t-il déclaré lors d'une rencontre tenue, jeudi 8 mars, à Casablanca sur «Le don des reins, une offrande de la vie». Le ministre a également indiqué qu'après avoir annoncé que lui et son épouse feraient don de leurs organes, 28 personnes se sont inscrites dans lesdits registres. Rappelons que le ministre avait fait part de cette décision en février 2012, en marge de la soutenance, par sa fille, d'une thèse de médecine sur la greffe d'organes. A travers cet acte généreux, Ramid souhaite encourager les citoyens à suivre son exemple. Cela dit, les Marocains sont-ils réellement prêts à faire don d'un organe? Mal informées, pas du tout préparées, méfiantes ou angoissées, beaucoup de familles font obstacle à ce geste qui peut sauver des vies. C'est pourquoi la communication en faveur du don d'organe s'impose plus que jamais. La sensibilisation de l'opinion publique par la mise en place d'une politique de communication doit non seulement être entreprise par le corps médical mais également par les autorités religieuses, la société civile ainsi que les politiques. Toujours est-il que le Maroc continue de figurer en queue de peloton des pays arabes en matière de transplantations. Si l'on prend le cas de la cornée, seulement 150 malades bénéficient d'une greffe chaque année, un chiffre dérisoire comparé à la demande sans cesse croissante. Pour répondre à la demande, 3500 greffes devraient être réalisées chaque année. Toutefois, il faut relever qu'avec la création de la première banque des yeux et de tissus osseux à Marrakech, le nombre de greffe est appelé à augmenter. Depuis la création de cette structure, le Maroc n'aura plus à continuer à importer des greffons de l'étranger. Des prélèvements peuvent désormais être réalisées sur des personnes décédées. Ce qui constitue un véritable tournant pour les malades. A noter que les deux premières greffes de cornées à partir de mort avaient été réalisées au sein du CHU Ibn Rochd de Casablanca. Quant à la 3ème opération du genre, celle-ci avait été réalisée au CHU Mohammed VI de Marrakech. En matière de transplantation rénale, les greffes à partir de donneurs en état de mort encéphalique marque un nouvel élan dans l'histoire de la médecine. Cette expérience innovante en 2010 est devenue courante. Les médecins travaillent en réseaux. Dernièrement, un prélèvement de rein a été réalisé à Marrakech pour être transplanté à Casablanca. Les CHU disposent de toutes les infrastructures sanitaires pour greffer simultanément des patients dans plusieurs villes du Royaume. Les équipes du CHU Ibn Rochd de Casablanca comptent réaliser 50 greffes par an et espèrent que les autres CHU en feront autant pour parvenir à 200 greffes chaque année. Les professionnels ne le répèteront jamais assez , la greffe est non seulement moins chère que la dialyse mais elle permet au patient greffé de reprendre une vie normale. De plus, une femme ayant subi une greffe rénale peut avoir des enfants alors que la dialyse réduit la fécondité. Au Maroc, les personnes atteintes d'insuffisance rénale chronique se chiffrent à plus de 9.000 dont près de 1.300 pour la seule ville de Casablanca.