Les ouvriers ne font pas des grèves pour faire des grèves, mais cela émane de la régression de leur situation et de l'autisme des autorités publiques. ALM : Qu'est-ce qui fait que le mouvement de grèves des syndicats prend plus d'ampleur? Abderrahmane El Azzouzi : Ces grèves ne datent pas d'hier. Le mouvement de grèves prend de l'ampleur parce que les revendications de la masse salariale sont tout simplement ignorées et non-traitées. Cela s'illustre parfaitement quand on voit au niveau central que la majeure partie des accords du dialogue social conclus le 26 avril n'a toujours pas été appliquée sur le terrain. Dans ce cadre, nous avons envoyé plusieurs correspondances au gouvernement afin d'examiner la situation pour mettre en application le cahier revendicatif. Comment pourrait-on éviter les débordements? La FDT a été parmi les premières centrales à appeler à la création d'un code des syndicats et une loi organique de la grève. Aujourd'hui ces chantiers doivent plus que jamais être revus pour réguler le mouvement de grève et l'encadrer. Cela mettra de l'ordre dans ces mouvements de grèves et garantira les droits et les devoirs des syndicalistes et des autorités. Mais j'insiste sur le fait qu'il faut écouter les revendications des ouvriers. Ces derniers ne font pas des grèves pour faire des grèves, mais cela émane de la régression de leur situation et de l'autisme des autorités publiques. Des parties menacent de prélever les jours de salaires des grévistes pour limiter l'escalade de protestation ? Ceux qui appellent à retrancher les jours de grèves des salaires des grévistes cherchent à créer l'anarchie. Il faut considérer la situation de ces gents, ainsi que celle par laquelle passe le pays. La grève est un moyen de protestation légal. Il faut écouter ces mouvements et ne pas les ignorer. Il faut ouvrir un vrai dialogue. La prédisposition du gouvernement à dialoguer n'est pas suffisante. Encore faut-il que ce dialogue ressorte avec des résultats concrets et réalisables, non qu'il soit vide et stérile.