Bruxelles a présenté mardi, ses « excuses » et ses « profonds et sincères regrets » au peuple congolais pour le rôle qu'elle a joué dans la mort de Lumumba. Devant la Chambre des représentants, Louis Michel, le ministre belge des Affaires étrangères, a déclaré que « le gouvernement estime qu'il est indiqué de présenter à la famille de Patrice Lumumba (...) et au peuple congolais ses profonds et sincères regrets et ses excuses pour la douleur qui leur a été infligée ». Et d'ajouter que « l'attitude générale de neutralité et d'apathie pour le sort réservé à Patrice Lumumba peut être qualifiée de manquement grave en termes de bonne gestion et de respect de l'Etat de droit ». « Certains membres du gouvernement d'alors et certains acteurs belges de l'époque portent une part irréfutable de responsabilité dans les événements qui ont conduit à la mort de Patrice Lumumba », a-t-il ajouté. Par cette attitude, le gouvernement belge est allé plus loin que les membres d'une commission parlementaire qui avait conclu en novembre 2001, après deux années de travail, que « certains ministres et autres acteurs » belges portaient une « responsabilité morale » dans l'assassinat de Lumumba. Venu à Bruxelles pour assister au débat convoqué devant le Parlement, François Lumumba, le fils du leader congolais, a félicité la Belgique pour son «courage politique» en jugeant que la réponse du gouvernement était «adéquate». Patrice Lumumba a joué un rôle prépondérant dans l'accession à l'indépendance de son pays après plus de 75 ans de colonisation belge. Il a été tué à l'âge de 35 ans, quelques heures seulement après son transfert au Katanga « organisé par les autorités congolaises de (l'ex) Léopoldville », avec le «soutien d'instances gouvernementales belges», selon les conclusions des députés belges. Selon la commission d'enquête, ces « acteurs » belges ont œuvré pour écarter Lumumba du pouvoir puis participé à sa remise à ses ennemis de la province du Katanga, sans se préoccuper de son « intégrité physique » à la suite de ce transfert. Les députés avaient toutefois souligné qu' « il ne ressort d'aucun document ni d'aucun témoignage (...) que le gouvernement belge ou un de ses membres a donné l'ordre d'éliminer physiquement Lumumba ». Le chef de la diplomatie belge a en outre annoncé la création d'un « Fonds Patrice Lumumba », doté de 3,75 millions d'euros, qui sera complété par une dotation annuelle de 500.000 euros. Ce fonds oeuvrera au «développement démocratique en République Démocratique du Congo (RDC) par le financement de projets en matière de prévention des conflits, de renforcement de l'Etat de droit et de formation de la jeunesse», a-t-il expliqué.