L'affaire remontait au 28 avril 2011 quand Adil Al Atmani, acquis aux idées des radicalistes islamistes, faisait exploser une bombe de sa fabrication dans l'un des cafés les plus courus de Jamaâ El Fna. A la fin du mois d'octobre, après plus d'un mois d'audiences houleuses, la chambre criminelle près la juridiction de 1ère instance de Salé siégeant en tribunal antiterroriste rendait son jugement dans le procès d'Argana. L'affaire remontait au 28 avril 2011 quand Adil Al Atmani, un jeune Safiot acquis aux idées des radicalistes islamistes, faisait exploser une bombe de sa fabrication dans l'un des cafés les plus courus de la place Jamaâ El Fna de Marrakech. L'attentat avait fait 17 morts et une quarantaine de blessés, dont plusieurs étrangers. Cet élément d'extranéité, voulu au demeurant par le terroriste, allait faire du procès d'Argana l'un des épisodes judiciaires les plus médiatisés. De fait, outre de nombreux médias nationaux, le procès avait été suivi par la presse de France et d'Espagne, certaines des victimes portant la nationalité de ces deux pays. Ce n'est pas sa seule originalité. Des parents de victimes françaises qui s'étaient constitués parties civiles ayant commis des avocats de leur pays, des plaidoiries avaient été faites en français dans l'enceinte du tribunal. La défense des accusés a considéré cela comme une entorse à la règle de l'emploi de l'arabe dans les juridictions du Maroc. Si, en effet, en vertu d'une convention judiciaire liant les deux pays les avocats de l'un pouvaient plaider dans l'autre, ils ne pouvaient le faire que dans la langue du tribunal. Pourtant ce ne sera pas ce qui restera de ce procès hors du commun. Les avocats de la défense ont en effet fait remarquer que c'est l'une des rares affaires où il y a eu mort d'hommes et où d'autres risquaient leurs têtes, qui a été jugée sans que les experts dont les travaux ont été utilisés pour étayer l'accusation aient été appelés à la barre. Et aussi, en l'absence des pièces à conviction. Mais c'est sur le plan des débats que le procès s'est singularisé. Sur injonction de leurs clients, des avocats des parties civiles avaient fait assaut d'interpellations invitant la Cour à ne pas prononcer de peine de mort. «Oui à la justice, non à la vengeance!» avaient clamé avec une constance remarquable des parents des victimes étrangères au début du procès. Un mois après, peu après le prononcé des peines, il ne restait rien de ces nobles sentiments et les mêmes belles âmes qui condamnaient la condamnation à mort vilipendaient la justice marocaine qui, à leurs yeux, encourageait le terrorisme en ne le condamnant qu'à des peines légères. Pourtant Al Atmani avait été condamné à la peine capitale et son mentor Bidar à la réclusion criminelle à perpétuité, au grand désespoir des familles des accusés qui criaient à l'injustice. Mais comme les autres accusés n'ont écopé que de peines de prison de 2 à 4 ans, les parties civiles se sont senties trahies. C'est ainsi que le procès d'Argana a fait l'unanimité contre lui.