Les réactions ne se sont pas fait attendre du moins du côté de la Koutla, qui devait se réunir jeudi, promettant une réponse qui sied à cet affront qui lui est fait par des partenaires de la coalition gouverne-mentale. Tous les ingrédients des annonces des grands jours étaient réunis pour la révélation de cette nouvelle structure du paysage politique marocain : le G8 politique à la marocaine. L'alliance annoncée quelques semaines auparavant entre les quatre partis PAM, RNI, UC et MP s'est renforcée de quatre autres : le Parti travailliste, le Parti de la renaissance et de la vertu, la Gauche verte et le Parti socialiste. Il faudra reconnaître qu'au plan tactique et de communication, l'initiative a été bien préparée. Une rumeur a été distillée dans le milieu journalistique la veille, faisant état de l'éventualité du retrait du RNI et du MP de la coalition gouvernementale. Les supputations fusaient de toutes parts à propos de cette rumeur. Nombreux sont ceux qui ont expliqué cet éventuel retrait par la crispation qui avait marqué les tractations avec l'USFP afin de le convaincre de faire partie de la nouvelle locomotive. Tout le monde médiatique attendait avec impatience le contenu de la rencontre organisée à Rabat. Maintenant quelle lecture possible à cette inflexion donnée au paysage politique par l'extension de cette coalition censée être celle des partis à référentiel socio-libéral ? Les éléments de réponse à ce questionnement sont d'autant plus intéressants que les formations qui ont rejoint la coalition des quatre ont des backgrounds éclectiques. Cela va de la gauche radicale, aux islamistes modérés, à la gauche écologique. Certes, il s'agit là de formations politiques qui ne disposent pas d'un positionnement qui risque de bouleverser les équilibres électoraux, mais elles contribuent à diversifier l'offre politique du groupement des quatre. C'est une offre qui pourra sensiblement renforcer le discours du groupement politique et extraire définitivement le RNI-UC-MP-PAM du face-à-face terrible avec d'une part les composantes de la Koutla et d'autre part le PJD. Les réactions ne se sont pas fait attendre du moins du côté de la Koutla, qui devait se réunir jeudi, promettant une réponse qui sied à cet affront qui lui est fait par des partenaires de la coalition gouvernementale. Le PJD, quant à lui, crie à la manipulation et au complot ourdi par la voix de ses voix les plus autorisées. Maintenant une simple extrapolation des calculs électoraux montre que le G8 devra de toute évidence compter sur l'apport d'un parti comme l'USFP pour disposer d'une majorité confortable dans le prochain Parlement et conduire le prochain Exécutif. Cela voudra dire aussi qu'objectivement le parti de l'Istiqlal devra hériter du PJD comme allié stratégique en plus du PPS, l'autre composante de la Koutla. A priori ce cas de figure demeurera improbable dans la mesure où l'équation ainsi posée laissera ouvertes toutes les hypothèses de recomposition de l'échiquier politique qui devra donner, in fine, un rôle central à la formation de Benkirane. Cette nouvelle initiative confirme la volonté et l'appétit d'un parti comme le RNI qui ne veut plus jouer le rôle d'adjuvant dans les configurations futures. Le RNI et le MP adossés au PAM et le reste de la nouvelle configuration veulent infléchir la tendance classique qui donnait l'USFP et le PI comme noyau dur et passage incontournable de toute coalition future. D'autres supputations sont en cours sur le rôle joué par le PAM dans cette initiative. Pour certains, c'est là, en effet, une manière pour le parti du tracteur de décliner sa vision des choses sans être directement exposé aux confrontations qui se feront jour dans les semaines à venir. Le RNI et consorts disent que dorénavant, et à l'unisson, les coalitions si elles doivent s'opérer elles le seront loin de toutes contingences partisanes. La légitimité historique dont peuvent se prévaloir les composantes de la Koulta n'est plus la ligne de démarcation intransigeante. Cette nouvelle alliance devra être fondée, selon ses promoteurs, sur la capacité à imaginer les mécanismes capables de rendre tangible la nouvelle dynamique politique et institutionnelle inaugurée par la Constitution du 1er juillet 2011. Il s'agit bel et bien d'inventer les instruments d'accompagnement du nouveau projet de société qui se profile à l'horizon. Tout cela augure d'une ambiance surchauffée à quelques encablures de l'échéance du 25 novembre où la grande inconnue sera le taux de participation aux élections qui restera indexé chez les citoyens au degré de crédibilité des acteurs politiques en place. Driss AISSAOUI