Des pertes estimées à plus de 300 millions de dirhams avec la destruction d'un millier de boutiques à cause d'un incendie qui a ravagé en quelques heures la totalité du souk Melilla. L'incendie qui s'est déclaré, vendredi dernier, dans le plus grand souk commercial d'Oujda suite à un coup de circuit causé par une surexploitation électrique, a causé d'importants dégâts matériels. La valeur marchande des différents articles et produits enflammés (vêtements, tissus, couvertures, équipements sportifs de marque, meubles, articles électroménagers et électroniques, matelas...) dépasse les 30 milliards de centimes selon les propriétaires de ces boutiques. Les flammes sont venues à bout d'une grande partie des magasins commerciaux du souk Melilla qui compte quelque 1068 boutiques (plus 350 autres de circonstances). Seules les constructions en béton ont résisté aux flammes. Celles bâties à bases de bois ou en autres matières ont été complètement dévastées. Il est à préciser qu'aucune victime n'est à déplorer, selon les autorités locales. Et puisque malheur ne vient jamais seul, les actes de vandalisme et de pillage, engendrés par la panique, ont aggravé la peine des propriétaires qui étaient obligés de se regrouper, munis de gourdins, pour se défendre. De même les éléments de la police ont procédé à l'arrestation de quelque 70 personnes auteurs présumés d'actes de pillage et de vol lors de cet incendie. «Les auteurs de ces actes ont été arrêtés en flagrant délit, puisqu'une quantité importante de marchandises, notamment des articles d'habillement, a été saisie en leur possession. Les prévenus seront déférés devant la justice», explique une source policière. Les sapeurs-pompiers dépêchés sur les lieux n'ont pu contourner le feu qu'après 10 heures d'efforts. Le manque de moyens adéquats pour maîtriser le feu dans des espaces clos, étalés sur une superficie d'un hectare et demi, et les problèmes qu'ils ont rencontrés pour se ravitailler en eau ne leur ont pas facilité la tâche. «Nos équipes d'intervention ont rencontré d'énormes difficultés pour circonscrire efficacement et rapidement l'incendie vu le nombre limité de points d'accès au souk qui est entouré d'un mur. Le nombre important de boutiques contenant des produits inflammables et non équipés d'extincteurs ne nous ont pas facilité la tâche», a déclaré Abdelkarim Labied, commandant de la protection civile à Oujda. Ce n'est pas la seule cause, commentent plusieurs boutiquiers, qui précisent que le souk a plus d'une dizaine de portes d'accès. Et qu'il n'y avait que 4 engins de sapeurs-pompiers lors du déclenchement du feu, le temps où il était possible de le maîtriser. Ceci dit, certains commerçants ont pu, plus ou moins, sauver leurs marchandises mais ce que la flamme n'a pas bouffé a été volé par des bandes de malfaiteurs munis d'armes blanches et en furie. Cela s'est passé entre 2 h et 6h du matin. D'ailleurs plusieurs batailles de butin ont été constatées à l'aube dans les alentours du souk. Une désolation que tous les habitants d'Oujda regrettent et condamnent vivement du moment que plusieurs commerçants ont été dépouillés de leurs biens. Constat de désolation qui a poussé des centaines de commerçants à déclencher une marche de protestation et de demande de protection. La marche qui s'est dirigée vers la wilaya a sillonné plusieurs boulevards de la ville. La réunion tenue au siège de la préfecture d'Oujda, suite à cette marche, s'est déroulée en présence des responsables de la préfecture, la commune urbaine, des élus, des représentants de services extérieurs concernés et des représentants des commerçants, a tranquillisé certaines passions puisque la commune va débloquer 10 MDH pour la reconstruction du souk Melilla. De son côté, l'Initiative nationale pour le développement humain contribuera avec 3 MDH. «On n'est pas satisfait de la somme allouée pour la reconstruction du souk. D'autant plus que les commerçants ne font plus confiance aux promesses. Les chantiers lancés dans le cadre de la mise à niveau commerciale de la ville enregistrent des retards considérables. Or ces boutiques sont notre unique source de revenus. Elles font vivre des milliers de familles», commentent plusieurs commerçants. Rappelons, par ailleurs, que souk Melilla a été bâti en 1980 pour contenir 150 boutiques dans le cadre de l'organisation de l'activité commerciale de la médina et la place de Bab Sidi Abdelwahab. «Mais puisque les autorisations de l'exploitation de ce souk sont du ressort des élus et des conseils communaux, on est passé en trente ans à 1067 boutiques avec autorisation et 300 autres illégales. La valeur des fonds de commerce oscille entre 100.000 dirhams et 700.000 dirhams. Un gain alléchant pour certains et c'est pour cela qu'on a peur», commente de son côté Haj Ahmed, un commerçant de la place.