Ayant renoncé à son célèbre «pacte islamique», Al Adl Wal Ihssane appelle aujourd'hui à un dialogue global sur la base de ce qu'elle qualifie de «pacte national». La mouvance de Cheikh Yassine appelle au dialogue. Al Adl Wal Ihssane, qui a appelé les citoyens à boycotter le référendum du 1er juillet et qui s'est pressé à remettre en cause la crédibilité de ses résultats, a lancé, mardi 5 juillet, un appel au dialogue, dans un communiqué. Bien qu'il n'est pas dit expressément dans le communiqué, Al Adl s'adresse directement à l'Etat. Renonçant à son célèbre «pacte islamique», la Jamaâ de Cheikh Yassine appelle aujourd'hui à un dialogue global sur la base de ce qu'elle qualifie de «pacte national». Selon les analystes, la Jamaâ, qui a toujours opté pour le bras de fer avec l'Etat, cherche aujourd'hui l'apaisement et la normalisation à travers le dialogue. «Nous vivons aujourd'hui une étape très sensible et un tournant historique réel. Nous devons faire le choix entre deux options. Soit nous continuerons de permettre aux personnes corrompues et aux despotes qui exploitent l'autorité et la fortune de diriger le pays vers l'inconnu. Soit nous choisirons tous, partis politiques, Mouvements et élites dans tous les domaines, d'assumer notre responsabilité historique devant Dieu, le peuple et la Nation, en affrontant la réalité et en entamant un dialogue global sur la base d'un pacte national. L'objectif étant de sauver notre pays qui est au bord du précipice et d'éviter à notre pays de s'orienter vers l'inconnu qui est le souhait de ceux qui tirent profit du despotisme», souligne le communiqué du cercle politique d'Al Adl Wal Ihssane, intitulé «Le 1er juillet 2011, une page glorieuse dans le répertoire du militantisme honnête du peuple marocain contre le despotisme». Les observateurs se divisent à propos de cet appel au dialogue d'Al Adl Wal Ihssane. A l'heure où certains l'ont accueilli favorablement, estimant que l'étape actuelle de la transition démocratique exige de l'Etat de n'exclure aucune force politique du dialogue (voir entretien page 5), d'autres mettent en garde contre ce qu'ils qualifient de mauvaises intentions des adeptes de Cheikh Yassine. «A travers son communiqué, Al Adl n'appelle pas le régime au dialogue mais les partis, les associations et les organisations qui, selon elle, se soucient de l'intérêt du pays. Al Adl s'adresse aux parties opposées au régime sur place. La mouvance réitère aujourd'hui son appel après avoir renoncé à son pacte islamique. La Jamaâ prône, désormais, un dialogue pour un pacte national sans conditions préalables», souligne l'islamologue Saïd Elakhal, dans une déclaration à ALM. «En appelant au dialogue les forces politiques qui s'opposent à la nouvelle Constitution, Al Adl cherche en réalité à se positionner en noyau dur d'une alliance qui s'oppose au régime. Al Adl est consciente du fait qu'elle n'est pas capable d'apporter le changement seul. Les adeptes de Yassine ont affirmé à plusieurs reprises que le régime monarchique au Maroc n'est pas en mesure d'être réformé d'où la nécessité de le renverser. D'ailleurs, Al Adl exploite le Mouvement du 20 février pour atteindre cet objectif», ajoute-t-il. «Al Adl ne croit pas à la démocratie, ni à l'Etat civil. Les dirigeants de la Jamaâ de Cheikh Yassine ont été forcés de faire des sorties médiatiques pour dire qu'Al Adl n'est pas contre l'Etat civil en raison des pressions qui ont été exercées sur le Mouvement du 20 février», souligne M. Elakhal. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si l'Etat acceptera l'invitation faite par les adeptes de Cheikh Yassine. Pour Mohamed Darif, c'est le moment où jamais pour entamer un dialogue avec cette mouvance islamiste.