La Fondation Mohammed VI pour la réinsertion des détenus poursuit son programme d'édification des centres d'accompagnement post-carcéral. Azzeddine Belmahi, son coordonnateur, explique la finalité des actions entreprises. ALM: Le quatrième centre d'accompagnement post-carcéral d'Oujda, que le Souverain vient d'inaugurer, se veut porteur de projets en matière d'accompagnement et de réinsertion effective des ex-détenus. Peut-on parler d'incubateur à effets productifs ? Azzeddine Belmahi : La création de ces centres répond à une attente sociale. Ils sont dédiés aux ex-détenus qui ont été préparés au sein des établissements pénitenciaires à travers un programme intégré que développe la Fondation Mohammed VI avec ses partenaires notamment les départements formateurs et ceux qui disposent de services sociaux ainsi que la société civile. C'est un programme intégré qui s'articule autour de l'éducation et la formation professionnelle avec d'autres composantes qui versent toutes dans la préparation du pensionnaire de l'établissement pénitenciaires pour qu'il puisse acquérir du savoir-faire et du savoir-être. Aussi pour raffermir ses liens avec sa famille et la société d'une manière générale. La finalité étant de réinsérer cette frange de la société de manière aisée après sa libération. Le programme d'accompagnement est mis en œuvre au niveau des établissements pénitenciaires par le biais d'un service de préparation à la réinsertion. Après sa libération, le détenu s'oriente vers l'établissement post-carcéral. Comment vous encouragez ces ex-détenus pour qu'ils se transforment en porteurs de projets dans différents secteurs ? Le centre d'accompagnement post-carcéral a pour mission d'accompagner l'ex-détenu sur la base d'un projet personnalisé à quatre axes : un axe se rapportant aux problèmes familiaux, un second aux problèmes de santé, un troisième en relation avec les problèmes administratifs et le dernier est à visée économique puisqu'il prépare l'ex-détenu à être autonome financièrement. Pour ce qui est de l'emploi, nous accompagnons l'ancien détenu grâce à nos partenaires, tels que l'ANAPEC qui dispose des formations en matière de recherche et d'emploi, la Fondation Banque populaire du microcrédit qui forme les anciens détenus pour la réalisation de micro-projets par le biais d'une feuille de financement de microcrédit. Le rôle de la Fondation Mohammed Vl est de les accompagner en les intégrant dans des entreprises citoyennes grâce à la convention de partenariat que nous avons avec la CGEM. Il est aussi possible de monter avec eux des micro-projets qui sont financés par des microcrédits à l'instar de ce qui a été fait à Oujda. C'est toute la dimension humaine qui est mise en exergue pour pallier une injustice ressentie et pour corriger des archétypes accablants pour les ex-détenus qui ont fait preuve de bonne foi ? La Fondation Mohammed VI tire toute sa philosophie d'un discours royal, dans lequel le Souverain précise que «la sollicitude particulière que nous réservons à la dimension sociale ne serait pas complète sans que nous assurions aux citoyens incarcérés leur dignité humaine qui, du reste, ne leur est pas daignée du fait d'une justice privative de liberté». SM le Roi considère les détenus comme des citoyens à part entière qui ont enfreint la loi et qui ont payé un tribut à l'égard de la société, mais qui ont droit à l'éducation, à la formation professionnelle à l'emploi et à la prise en charge de santé. De fait, cette frange de la société a besoin d'accompagnement pour transformer l'espace carcéral en un espace de rééducation et en école de deuxième chance. Le centre d'Oujda est le quatrième centre d'accompagnement post-carcéral sur le plan national. Comptez-vous généraliser cette expérience sur le plan national ? Nous comptons réaliser douze centres post-carcéraux régionaux à la fin 2012. En parallèle, nous généralisons les services de préparation à l'intérieur des prisons. Dans chaque établissement pénitenciaire, il y a une préparation à la réinsertion avec des assistants et accompagnateurs sociaux qui accompagnent les détenus durant toute leur détention sur la base d'un projet individualisé. Ce qui montre le degré de sollicitude royale pour cette frange de la population c'est que tous les centres post-carcéraux édifiés durant la dernière décennie ont été inaugurés par SM le Roi. Depuis son accession au Trône, le Souverain a visité 43 fois les prisons et centres de sauvegarde et de détention pour s'enquérir de la situation dans laquelle vivent les citoyens incarcérés. Une attention particulière qu'aucun chef d'Etat n'a pu faire.