Les bureaux de change demandent l'extension de la distance minima de chaînage entre eux à 500 mètres. Le président de l'APBCM fait le point sur les revendications du secteur. ALM : Quelle est votre stratégie pour lutter contre le marché de change informel? Mohamed Manaa : Depuis leur création, les bureaux de change ont permis de fournir un service de proximité de qualité à la clientèle et se sont pleinement intégrés au processus de concurrence préconisée à travers la politique de libéralisation des taux de change qui profite en dernier ressort au client. Leur création a indirectement contribué à réduire de façon notable l'écart de taux avec le marché informel, dont l'activité a tendance à chuter fortement depuis quelques années. Les notions de transparence, de qualité de service, de proximité de la clientèle et de confiance ont permis aux bureaux de change, qui sont de création récente (1996), de s'intégrer facilement dans le tissu économique national et de jouer un rôle citoyen important en matière de collecte des devises. Les bureaux de change souffrent grandement d'un problème de proximité entre eux. Qu'en pensez-vous? En effet, c'est la problématique du chaînage. La proximité des bureaux de change entre eux pose un problème de rentabilité de ces derniers. Surtout, quand il s'agit de petites localités où abondent banques et autres établissements de transfert de fonds habilités en plus de leur activité principale, à exercer les opérations de change manuel. Pour éviter les difficultés qui pourraient être causées par cette problématique, les bureaux de change sollicitent l'extension de la distance minima de chaînage entre eux à 500 mètres contre 100 m actuellement. Quelles sont vos revendications pour développer ce secteur ? La concurrence de plus en plus forte exercée par les autres acteurs du marché, qui exercent, en plus de leur activité mère, les opérations de change manuel et disposent de surcroît de plusieurs sources de revenus, est de nature à porter préjudice aux bureaux de change dont la rentabilité pourrait à terme être remise en cause surtout que les marges bénéficiaires ont tendance à s'éroder du fait de la rude concurrence exercée au niveau des taux de change. Si les autres intervenants disposent de sources de revenus très diversifiées, les bureaux de change, quant à eux, n'ont qu'une seule et unique source de revenu à savoir une faible marge sur les opérations de change manuel, alors que les charges d'exploitation sont les mêmes. En outre, et contrairement aux autres acteurs, en ce qui concerne la vente des billets de banque étrangers à la clientèle, celle-ci est limitée pour ce qui concerne les bureaux de change, aux seules dotations touristiques et allocations pour frais de missions et stages à l'étranger pour le personnel du secteur public. Face à cette situation, l'élargissement des attributions des bureaux de change aux autres dotations n'exigeant pas des procédures particulières s'avère plus que nécessaire. Aussi, serait-il souhaitable que les bureaux de change puissent exercer en parallèle au change manuel, d'autres activités telles le transfert d'argent, la perception des factures (électricité, téléphone, Internet.), le e-commerce, la billetterie (spectacles, transport, etc.), les recharges téléphoniques, etc. Comment se décline, dans ce cas, la relation entre les banques et les bureaux de change? L'institution des bureaux de change a permis de drainer des volumes importants de devises vers le système bancaire. L'objectif recherché est de travailler en étroite coopération avec les banques car in fine une grande partie des devises collectées par les bureaux de change est versée aux banques, seule une infime partie est cédée directement à la clientèle. Les bureaux de change se considèrent ainsi comme les partenaires des banques, et aspirent de la sorte à une coopération et à un meilleur traitement de la part de celles-ci, traitement qui permettrait de sauvegarder la rentabilité financière fragile des bureaux de change. Par ailleurs, et dans le cadre des efforts de vulgarisation de la réglementation régissant l'activité des bureaux de change, l'APBCM compte organiser, en concertation et en collaboration avec l'Office des changes, des séminaires d'information et de formation à l'attention des bureaux de change et ce, dès la publication de la nouvelle instruction n°13 de l'Office des changes. Aussi, une cellule de communication et de conseil dédiée aux bureaux de change a été instituée au sein de l'Office des changes pour orienter et conseiller les bureaux de change en cas de besoin (interprétation de la réglementation de change, demandes d'explications, etc). L'APBCM en bref L'Association professionnelle des bureaux de change du Maroc (APBCM) a été créée le 26 octobre 2008, son siège social est sis à Rabat. L'instance dirigeante de l'association est composée d'un comité directeur central élu, et de coordinateurs régionaux représentant l'association au niveau régional. Les membres de l'association sont les représentants des bureaux de change dûment agréés par l'Office des changes. Concernant l'activité de l'association, elle s'étend à l'ensemble des régions du Royaume. L'association vise à assurer un encadrement professionnel des bureaux de change membres, tout en les incitant au parfait respect des lois en vigueur en matière de change manuel. Elle a pour objet l'examen des questions liées à l'exercice de la profession, la défense et la sauvegarde de ses intérêts, ainsi que l'accompagnement de l'évolution de la réglementation de change et sa vulgarisation auprès de ses membres.