Après une grève de deux jours, les téléboutiquiers ont organisé un meeting pour protester contre la décision de Maroc-Telecom de supprimer la règle de chaînage qui régissait jusqu'ici cette activité. C'est une profession en pleine ébullition contestataire. Lundi dernier, La Fédération des propriétaires des téléboutiques a organisé, à Rabat, un meeting pour protester contre la décision de Maroc-Telecom d'abroger la distance qui séparait les téléboutiques fixée à 200 mètres. Les téléboutiquiers ne sont pas à leur première action de protestation. «En prenant cette décision, l'opérateur historique revient sur ses engagements et ses promesses, ce qui est susceptible de léser les investisseurs dans le secteur, estime les représentants des télé-boutiquiers», explique un jeune téléboutiquier. Jeudi 18 mars 2004, la même Fédération avait organisé un sit-in devant le siège du ministère des Télécommunications. Cette fois, c'était pour protester contre le second opérateur Méditel, depuis que ce dernier a annoncé le lancement de ses propres téléboutiques. À l'époque encore, le reproche fait au second opérateur était le non-respect de la règle de chaînage de 200 mètres. Une règle qui n'a pas manqué d'ailleurs de susciter une controverse sur sa nature. Pour la fédération, cette règle a un caractère réglementaire, et c'est pourquoi elle compte attaquer MT en justice. Mais dans le milieu, personne n'accorde de crédit à cette lecture. La question se pose ici en termes de cadre concurrentiel du marché. Car, au-delà de la nature de cette règle, l'activité de téléboutique est une activité commerciale qui obéit aux règles de la libre concurrence. L'Etat ne peut en aucune manière limiter le libre exercice d'une activité. Aussi paradoxale que cela puisse paraître, la fédération réfute l'argument de la libre concurrence, et estime plutôt que le secteur a besoin d'être régulé. Argument avancé : la généralisation non régulée des téléboutiques va aboutir à l'anéantissement d'un secteur qui vit déjà suffisamment de problèmes. Il est vrai que les téléboutiques poussent comme des champignons. Et l'offre a parfois, et dans certaines zones, tendance à prendre le dessus sur la demande. Ce qui n'est pas sans pénaliser plus d'un opérateur. Le nombre des téléboutiques est aujourd'hui de l'ordre de 25.000; elles emploient plus de 80.000 personnes. La profession a dû à ses débuts faire face à des problèmes d'ordre technique et fiscal. Un accord portant sur la création des téléboutiques liait même la Fédération à l'Office national des postes et télécommunications et qui stipule que la priorité devait être accordée à l'aspect social. Activité lucrative à ses débuts, ce secteur a attiré des milliers de jeunes qui ont créé leur téléboutique, sans qu'aucun paramètre sur le choix de l'emplacement et la distance à prendre par rapport aux autres téléboutiques ne soit pris en compte. La libéralisation du secteur des télécommunications introduit une nouvelle donne que les téléboutiquiers ne maîtrisent pas nécessairement. Ce qui explique, en partie, la panique qui a gagné cette profession qui reste avant tout une activité de service. Une restructuration de la profession s'impose plus que jamais.