Le lancement des téléboutiques du second opérateur, Méditel, provoque la colère des exploitants des téléboutiques. Le litige porte sur le non-respect, par l'opérateur, des règles de chaînage. Enquête. Le sit-in organisé, jeudi 18 mars 2004, par la Fédération Nationale des Associations des Propriétaires de téléboutiques devant le siège du ministère des Télécommunications n'est pas le premier du genre. Depuis le 25 février, cette association mène une série d'actions de pression auprès des autorités publiques. Ces actions visent principalement le second opérateur Méditel, depuis que ce dernier a annoncé le lancement de ses propres téléboutiques. Initialement prévue pour le mois de janvier, l'opération devra se faire à travers un réseau de distributeurs. Théoriquement, les exploitants de téléboutiques auront la possibilité de proposer à leurs clients l'usage de publiphones GSM raccordés au réseau Méditel. Pour cette année, l'opérateur compte lancer pas moins de 1 000 téléboutiques, avec l'objectif de se tailler 5% du marché actuel des téléboutiques. Quelles sont les raisons de la colère des représentants des actuels exploitants ? Principal grief : le non-respect par l'opérateur Méditel de la règle de chaînage de 200 mètres. Cependant, cette règle alimente une controverse. Pour le ministre des télécommunications, M. Talbi Alami, il ne s'agit nullement d'un règlement administratif. Cette règle constitue en fait une convention signée entre les propriétaires de télé-boutiques et l'opérateur Maroc Telecom. Et donc, les exploitants ne peuvent avancer l'argument de chaînage pour protester contre le déploiement des nouvelles téléboutiques de Méditel. Ensuite, et au-delà de la nature de cette règle, l'activité de télé-boutique est une activité commerciale qui obéit aux règles de la libre concurrence. L'Etat ne peut en aucune manière limiter le libre exercice d'une activité. Pour la fédération, la convention comporte bien un caractère réglementaire, puisque l'Etat fait partie du directoire de MT. Sur un autre registre, la fédération réfute l'argument de la libre concurrence, et estime plutôt que le secteur a besoin d'être régulé. «La généralisation non régulée des téléboutiques va aboutir à l'anéantissement d'un secteur qui vit suffisamment de problèmes», explique M. Khalid Touhami, secretaire général de la fédération. Et pour cause, «une majorité des 25.000 téléboutiques fait travailler tous les membres d'une même famille» poursuit-il. C'est pour l'ensemble de ces considérations que la fédération appelle les acteurs les acteurs pour trouver des solutions de compromis. La Fédération veut rencontrer les autorités publiques et les opérateurs télécoms. «Nous avons déjà invité les représentants des téléboutiques à une réunion le mois de juin et il ne se sont pas manifestés», précise le ministre des Télécommunications. Visiblement, le courant ne passe pas entre les deux parties. Les solutions ? Une idée consiste à associer les actuels exploitants dans cette opération, de sorte que ces derniers puissent commercialiser ce produit dans leurs boutiques. Auprès de Méditel, on préfère ne pas s'exprimer sur le sujet. Mais déjà au début de l'année, certains responsables de l'opérateur ont expliqué sur certains titres de presse que ces craintes ne sont pas justifiées dans la mesure où les exploitants actuels peuvent aussi recourir à ce service. Il semble que là non plus, le courant ne passe pas encore.