L'art canadien et la culture de manière générale, s'apprêtent à vivre les quatre pires années de leur histoire. Le numéro un canadien Stephen Harper, un conservateur pur et dur, vient d'obtenir la majorité au Parlement. Une de ses priorités est de réduire le budget de l'art et de la culture de 45 millions de dollars, et d'augmenter le budget de la «défense canadienne». Il paraît qu'il a déjà commandé quelques dizaines d'avions de guerre aux Etats-Unis. Le Canada qui jouissait d'une belle réputation internationale jusqu'ici, est sur le point de rejoindre les nations réputées guerrières en détournant son armée des missions humanitaires vers des missions militaires, comme en Afghanistan ou en Irak. Ce monsieur, pour qui l'Irak n'est qu'une terre de pétrole, ne semble pas se soucier du fait qu'il s'agit d'une fière culture qui remonte à 6.000 ans, jusqu'aux Sumériens, et qu'elle a produit de l'art avant tout le reste du monde. Pour justifier les réductions, Harper dit qu'il est inutile de «financer des choses dont les gens ne veulent pas réellement» ou que «les gens ordinaires n'ont que faire du financement de l'art» ou encore, que «le Canadien moyen n'a aucune sympathie pour les riches artistes qui fréquentent les galas et les cérémonies pour se plaindre des subventions de l'état.» Si ce monsieur pense que l'art et la culture se résument aux réceptions, peut-être en a-t-il trop fréquenté lui-même, dit le chef du parti néo-démocrate, opposition officielle. Stephen Harper, qualifié par certains de «philistin», me fait penser à Bush qui ne savait même pas comment retrouver de grands pays sur la carte du monde, et qui croyait que l'Espagne était une République. Alors, pour se défendre ou pour se donner une image d'homme artistique et sophistiqué, Harper raconte qu'il a pratiqué du piano quand il était plus jeune et qu'il l'a abandonné car ses mains se mettaient à trembler quand il était nerveux. Il raconte aussi que son père adorait le jazz… Comme tous les extrémistes, son parti base ses discours sur les émotions au lieu de la communication logique et rationnelle. Quelques jours avant les élections, le parti conservateur ne semblait pas si bien parti, mais comme par magie, la veille des élections, le fameux Ben Laden a refait surface et les indécis ont voté pour les conservateurs… Ce Premier ministre dont le parti a été accusé quelques semaines avant les élections de manque d'éthique, dit que la décision de réduire le budget de l'art et de la culture n'est pas motivée par une quelconque idéologie et qu'elle a été prise après une série d'analyses. Alors si c'est le cas, il devrait refaire ses calculs, car une société saine respecte ses artistes. L'art et les artistes sont les éléments de base qui définissent toute culture digne de ce nom. «Les nations se détruisent, ou s'épanouissent, selon que leur art se détruit ou s'épanouit !» (William Blake).