Dans l'histoire récente de la présidentielle, la conquête de l'Elysée une seconde fois pour le président sortant s'est toujours faite à la faveur d'événements exceptionnels. Pour Nicolas Sarkozy, la bonne nouvelle annoncée par des sites People comme «Closer» et «Pure People» ce week-end selon laquelle son épouse Carla Bruni est enceinte s'accompagne d'une mauvaise, celle qui consiste à soulever le débat des primaires au sein de l'UMP. Comme une manière de souligner par un rouge vif les mauvais sondages qui semblent plomber éternellement sa popularité. Il est vrai que la semaine dernière, recevant des députés UMP, Nicolas Sarkozy s'était allé à un optimisme à contre-courant: «Moi la situation je la sens bien» pour 2012, exprimant pour la première fois une reconnaissance officielle qu'il allait se présenter à sa propre succession. Il est vrai aussi que personne ne doutait d'une telle hypothèse, tant le tempérament de l'homme, le rythme de sa gouvernance montrent une boulimie de pouvoir et d'action qu'un petit quinquennat ne pouvait satisfaire. Dans l'histoire récente de la présidentielle, la conquête de l'Elysée une seconde fois pour le président sortant s'est toujours faite à la faveur d'événements exceptionnels. Le cas du second septennat du socialiste François Mitterrand ( 1981/1995) s'est fait à la faveur d'une sanglante cohabitation avec Jacques Chirac. Le second mandat de Jacques Chirac ( 1995/2007) a eu lieu à cause de la sortie inattendue du socialiste Lionel Jospin dès le premier tour et la présence inédite du président du Front National Jean-Marie Le Pen au second tour. Pour Nicolas Sarkozy, à l'exception notable d'un candidat sérieux en face, rien ne garantit sa victoire en 2012. L'opinion est restée rivée sur un persistant désamour à son égard malgré les nombreuses tentatives de séduction en changeant les hommes et les thématiques. Cette situation commence sérieusement à inquiéter sa propre famille. Certaines voix comme celles de deux anciens ministres de Jacques Chirac, Alain Lamassoure et Hervé Mariton, de réclamer publique la tenue d'une consultation des militants UMP sur le candidat qui va représenter leurs couleurs dans la prochaine bataille présidentielle. Hervé Mariton est connu aussi pour sa proximité avec Dominique de Villepin, un autre prétendant. Pour se dédouaner de toute mauvaise intention, les deux agitateurs de primaires au sein de l'UMP évoquent l'article 49 des statuts du parti qui stipule que «le président de la République, à nouveau candidat, qui souhaite le soutien de l'UMP, se soumet au vote du congrès» composé de tous les adhérents. D'autant, argument-ils que cette opération pourra créer un nouveau «électrochoc» et une nouvelle «dynamique». Le premier cercle de Nicolas Sarkozy s'est levé comme un seul homme pour tuer dans l'œuf cette idée. Nicolas Sarkozy est pour eux le candidat naturel de la majorité, quoi qu'en dise la météo politique du moment. Les amis de Nicolas Sarkozy ont vu dans cette initiative une manœuvre subversive pour délégitimer leur champion, d'autant plus opportune qu'ils ont remarqué ces derniers temps la floraison d'études et de sondages qui donnent un homme comme François Fillon vainqueur de Nicolas Sarkozy dans tous types de confrontations. Même si le président de la République a les moyens de bloquer une telle initiative, le risque pour lui est que cette exigence de primaires au sein de l'UMP ne serve d'argument pour un éventuel cri de ralliement qui souligne aussi bien ses handicaps que les qualités de ses possibles compétiteurs.