Le ton est tranchant. Ceux qui hésitent à soutenir le gouvernement ou qui plaident en faveur du statu quo seront écartés des montages d'alliances de l'USFP. Abderrahmane Youssoufi ne joue pas avec les mots. Encore moins, les membres du Bureau politique de son parti. Lorsque le Comité central de l'USFP annonce, sans ambages, que « les prochaines élections doivent représenter une chance de clarification du paysage partisan et de la répartition au sein de la représentation nationale qui met fin à l'éclatement des partis, et permet la consolidation des conditions de coalisation politique, entre les composantes du champ démocratique et national », il ne fait que réitérer une de ses anciennes positions. Une position que ce parti a toujours soutenue, mais dont la nouveauté consiste en l'intégration de la donne de la gestion gouvernementale dans la « ligne de clivage entre le camp du conservatisme et celui de la modernisation et du progrès ». Cependant, lorsque le Comité central précise que « la majorité de demain se constitue sur la base de la dynamique de la concordance des positions d'aujourd'hui en ce qui concerne chaque étape de la prochaine opération électorale », cela veut dire que le parti établi, les critères de ses alliances politiques. Plus jamais, donc, il n'admettra les acrobaties de ceux qui mettent un pied au sein du gouvernement et un autre à son extérieur. Le dédoublement du discours et des positions est rejeté et s'applique à tous ses partenaires politiques, y compris ceux qui continuent à parler du «soutien critique au gouvernement ». Un soutien qui s ‘efface, dans la pratique quotidienne devant les critiques. Dans le même ordre, une ligne de démarcation est arrêtée par rapport à tous ceux qui préconisent et défendent le statu quo . Car, dit-il, « le renouvellement des procédures, des découpages électoraux et du mode du scrutin » constitue le principal moyen de renforcement des choix démocratiques. Le mode de scrutin de liste à la proportionnelle serait, à cet effet, « une condition fondamentale pour la lutte contre la falsification des élections » ; et ce, d'autant plus qu'il traduit « la volonté de moderniser la culture politique dans notre pays, avec notamment une participation plus importante de femmes aux institutions élues ». Conformément à cette logique, tous les participants à l'appareil exécutif actuel se doivent de défendre leur bilan et assumer leur responsabilité devant les citoyens. La participation au gouvernement d'alternance, rappelle, en substance, le Premier ministre, Abderrahmane Youssoufi, est survenue suite à un pacte conclu avec Feu Hassan II sur la base duquel l'USFP aurait pu gérer l'étape de l'alternance à partir d'un statut de parti minoritaire, mais tel n'était pas son choix. Car, l'essentiel était de sauver le pays de la crise dans laquelle il se débattait et de servir les grands desseins de la Nation marocaine, dont essentiellement la participation pacifique à la transition politique. La succession faite, il ne restait plus qu'à mettre en place des nouvelles assises de la gestion gouvernementale. Une mise à niveau des structures partisanes du parti fut, donc, opérée, en attendant les prochaines configurations du paysage politique partisan. Mais, encore faut-il que des remodelages soient effectués, particulièrement en ce qui concerne, la gestion médiatique du parti, ses relations avec la jeunesse et les syndicats et le contrôle de ses élus communaux et parlementaires. Un long chemin qui n'est pas facile à parcourir ni à gérer ; mais toujours est-il que c'est le prix de la clarté politique.