Rattrapée par ses vieux démons, l'USFP s'offre en spectacle à quelques semaines des élections. Les députés de Casablanca, qui ont boycotté les travaux du dernier congrès du parti, sont amers. Motif : ils n'ont pas été désignés têtes de liste dans leurs bastions électoraux naturels. «Le bureau politique de l'USFP a tranché dans le choix des candidatures. Tant pis pour ceux qui n'ont pas été désignés», explique une figure du parti. Ce qui signifie qu'il n'est plus possible de reconsidérer le classement des candidats, à moins qu'une tête de liste ne se désiste pour un autre. Ce qui est très peu envisageable. Les premières places, très convoitées, sont en plus limitées : 91 listes pour toutes les circonscriptions. Or, les mécontents comptent bien se faire entendre et ne pas se laisser faire. Ils se recrutent notamment parmi les députés de l'USFP de Casablanca, les Brahim Rachidi, Mohamed Ibrahimi et autres Abdelkébir Tabih… Ceux-ci et d'autres ont en commun d'avoir emboîté le pas à Noubir Amaoui qui a boycotté bruyamment le dernier congrès de l'USFP en mars 2002. Menés par le leader de la CDT, les contestataires sont, semble-t-il, en train de payer aujourd'hui cette fronde qui avait déchiré le parti. Les têtes de liste à Casablanca sont revenues aux «youssoufistes» et aux «yazghistes» au détriment des factieux condamnés ainsi à jouer les seconds rôles dans leurs bastions électoraux. «Ils n'ont qu'à aller se présenter sous la bannière du parti de Amaoui», déclare un proche du Premier ministre. Le hic c'est que les intéressés ont refusé tous de rejoindre la nouvelle formation dirigée par Abdelmajid Bouzoubaâ. Se considérant toujours comme membres de l'USFP, ils ne sont en fait ni dedans, ni dehors. Une situation confuse aggravée par les accréditations aux prochaines législatives. À la faveur de ces tiraillements autour des têtes de listes, réapparaît, encore une fois, le fameux axe Rabat-Casa. Les fidèles du premier tronçon, les yazgistes, sont accusés par les partisans du second, qui étaient emmenés par Amaoui, d'avoir fait une OPA sur le parti et de les avoir écartés du gouvernement. Les deux clans se vouent une haine tenace et se tirent dans les pattes. C'est cette vieille ligne de fracture qui a perturbé les travaux des dernières assises de l'USFP, au grand étonnement d'Abderrahmane Youssoufi. Une ligne Maginot, marquée plus par des querelles de personnes que par une influence de courants contradictoires. En fait, un gigantesque courant d'air qui risque, à tout le moins, de brouiller davantage l'image du parti lors des prochaines élections. L'USFP rattrapée par ses vieux réflexes. Du côté du Bureau politique, on minimise la capacité de nuisance des protestataires de Casablanca. Ces derniers, eux, se sont fait une fixation sur le parachutage de Khalid Alioua dans la circonscription d'Anfa. «Promis, juré, il ne passera pas», tonne un militant.