Le Rassemblement national des indépendants (RNI) n'a pas échappé à son tour au casse-tête des têtes de listes. Se disant victimes de règlement de comptes et de copinage, les mécontents dans les provinces sont légion. Ahmed Osman a décidé de mettre un frein d'arrêt à sa carrière parlementaire. Celui qui a régné depuis plusieurs mandatures sur la circonscription de Oujda Angad ne se représentera pas aux prochaines législatives, laissant sa place privilégiée à Driss Haouat. Septuagénaire, le leader du RNI a son avenir derrière lui. Et puis, les élections du 27 septembre vont se dérouler sous le signe du changement : un nouveau mode de scrutin, des gages sérieux de transparence et un nouveau ministre de l'Intérieur. Autant dire que ce scrutin réunit toutes les conditions d'un casse-cou pour celui qui ne possède pas de véritable bastion électoral ou qui dispose seulement d'un fief virtuel cependant que le RNI sait, grâce au travail de ses individualités, tirer le meilleur parti des rendez-vous de ce genre. Certaines individualités du Rassemblement ne sont pas contentes pour avoir été invitées à jouer les seconds couteaux. Les exemples ne manquent pas : ainsi de Haj Mohamed Naânani, député actuel de Settat, qui a perdu la première position au profit de Larbi Al Harami. La tête de liste à El Jadida, convoitée par des transfuges d'autres partis de droite comme Abderrahmane El Kamel et Mohamed Lafhel, fut confiée à Faïçal Kadiri, député-maire de la ville. À El Oualidia, la première place est disputée par le père (Bouchaïb Zahidi) et le fils (Mohamed Zahidi), tous deux députés. Le Premier, âgé et souffrant, s'accroche encore et ne veut pas lâcher prise. Le parti a tranché en sa faveur au nom certainement du droit d'aînesse. Député de Benserghaou à Agadir, Iddou M'Ghar n'a pas été jugé capable de remporter son siège en tant que tête de liste. À Zagora, le député Kadiri, par ailleurs président du conseil provincial, est en colère. Comme tête de liste, le directoire du RNI lui a préféré un autre. C'est la décision du parti à Safi qui a suscité l'incompréhension. Député-maire de cette ville oubliée, le candidat naturel à jouer les premiers rôles est Mohamed Hababa. Mais il s'est vu ravir la première place par Mohamed Mdassni dont la seule qualité est qu'il est chef de cabinet du ministre du transport et candidat malheureux aux précédentes législatives. M. Hababa est d'autant plus amer qu'il avait fait manger à ses frais une centaine de militants du parti à l'occasion de la tournée il y a quelques mois de Ahmed Osman dans la région. La reconnaissance du ventre n'a pas fonctionné. À Essaouira, le conflit autour de la tête de liste a été réglé au détriment de M. Jouhari dont la richesse ne lui a été visiblement d'aucun secours. L'heureux vainqueur s'appelle M. Jenni, député certainement plus loti en avoir et en savoir électoral. Le perdant, ex-député qui aurait plus de chances de gagner, risque de rejoindre, le cœur gros, les rangs de l'USFP car il tient à rester dans le cocon osmanien. Ministre de l'Enseignement supérieur, Najib Zerouali tentera sa chance à Zouagha Moulay Yacoub à Fès. C'est la première aventure électorale de celui qui vit à Casablanca. Mohamed Aoujar, titulaire du portefeuille des droits de l'Homme, a troqué son fief natal d'Oujda contre la circonscription de Yacoub Mansour à Rabat. Ici, le duel promet d'être chaud avec un autre ministre, l'USFP, Mohamed El Yazghi et le patron du parti de Amaoui, Abdelmajid Bouzoubâa. Taïeb Bencheikh,lui, se représentera dans son fief de Meknès Ismaïlia. Le ministre du Transport Abdesslam Znined, qui n'a pas de bastion identifié, préfère certainement vivre par procuration la campagne électorale de son ami Mdassni. Mohamed Boulasri conduira comme prévu la liste de son parti à El Haouz. De son côté, Abdelhadi Alami, patron de Dounia PLM, ne battra pas campagne à Marrakech Médina comme il le souhaitait. Le parti a désigné le député Abdelaziz Cherkaoui tête de liste dans cette circonscription. Est-ce une manière de se racheter à l'égard de M. Cherkaoui ? Celui-ci devait partir ambassadeur du Maroc en Pologne avant qu'on choisisse à sa place à la dernière minute l'ex-ministre Hassan Abbadi ?