Jamais Ahmed Osman n'a été aussi vigoureusement critiqué. Jamais le président du RNI n'a vu son autorité remise en cause à ce point. La gestion des affaires partisanes doit changer… C'est la tête du président qu'on réclame, quant au gouvernement nous le soutenons. Ainsi, peut-on résumer l'attitude des frondeurs du RNI (Rassemblement national des indépendants). Ils contestent la manière avec laquelle le président gère les affaires du parti qui est « tout, sauf démocratique ». Au début, il y avait un communiqué du groupe parlementaire de la première chambre. Une trentaine de députés qui ont élu Mohamed Abbou, chef du groupe alors que le président Ahmed Osman voulait M. Lazrak, député de Salé. Ce n'était en fin de compte que le couronnement d'une crise latente qui a atteint son paroxysme à l'annonce du gouvernement Jettou. Plusieurs personnalités qui se voyaient ministres ont eu la fâcheuse surprise de ne figurer nulle part dans ce gouvernement. Pire, les départements que le RNI a hérités ne correspondent pas au poids, au savoir faire et au nombre de députés RNI. Il faut dire que le rassemblement avait une bonne longueur d'avance en matière de cadres polyvalents et des technocrates politisés de premier plan. Et quand on arrive aux propositions de ministres, ce ne sont pas les meilleurs qu'on propose. Et pour cela, la crise interne couvant des années durant a éclaté au moment même où le RNI avait des chances d'avoir des portefeuilles plus importants. Les représentants mécontents ont vu leur démarche protestataire rejointe par les conseillers de la deuxième chambre. Ces derniers ont tenu une série de réunions à la suite du communiqué des représentants et ils ont adopté la même position, à savoir le rejet de la manière du président de gérer les affaires du parti et l'appel à un congrès extraordinaire. L'affaire est plus sérieuse qu'on peut le penser. Et l'équilibre du gouvernement Jettou risque d'être mis mal. Cela ne peut échapper à Driss Jettou qui a fini par s'assurer le soutien des parlementaires RNI et le ftour qui devait réunir, hier, ces derniers avec le premier ministre a été « reporté de deux ou trois jours. Peut être à une date ultérieure puisque l'essentiel a été dit », lance au bout du fil un des meneurs de cette fronde. Pour Abdelhadi Alami, l'un des dirigeants déçus, le soutien au gouvernement est une question de principe, mais cela ne veut pas dire que les parlementaires RNI ont signé un chèque en blanc au gouvernement. « Tant qu'on n'a pas vu la déclaration gouvernementale, ses projets de loi de finances sectoriels… on ne peut dire si on votera pour ou contre. Le principe du soutien est certes acquis mais le vote sera au coup par coup du moment qu'on n'est pas mis au courant de ce qui se prépare », nous dit un conseiller… Ceci étant, reste un problème de fond. Chacun des frondeurs peut se considérer comme le meneur de l'opération de désobéissance, si l'on ose dire. Et personne ne conteste la valeur et la compétence des ministres RNI. Mais mis à part Mustapha Mansouri, dont le nom circule comme un véritable fédérateur, et qui n'a pas pour autant pris position, on voit mal qui peut vraiment prendre la tête du parti si jamais congrès extraordinaire il y a… C'est justement à cette tâche que les frondeurs doivent réfléchir, sinon, le RNI restera sans meneur. Destituer le président, c'est une formalité quand on a la majorité et quand les réglements internes sont respectés, mais quand on manque de leader qui peut prendre les choses en main, l'affaire risque de tourner au vinaigre…