Les pays occidentaux ont salué le climat pacifique dans lequel les manifestations du 20 février se sont déroulées. Par ailleurs, 96 prévenus ont été déférés devant la justice pour répondre de leurs actes criminels à Al Hoceima, Tétouan, Chefchaouen et Marrakech. Les fauteurs de troubles à l'origine des actes de vandalisme, ayant eu lieu lors des manifestations du 20 février, font l'objet de poursuite judiciaire. Parmi les 120 personnes arrêtées lors de ces incidents, 96 prévenus ont été déférés devant la justice pour répondre de leurs actes criminels. A Al Hoceima, où ces actes de violence ont fait cinq morts parmi les fauteurs de troubles trouvés calcinés à l'intérieur de l'une des agences bancaires incendiées, le juge d'instruction près la Cour d'appel a ordonné, mercredi 23 février, l'incarcération de 38 personnes. Ces derniers sont accusées d'être impliquées dans des actes de vandalisme, de pillage et de sabotage commis dans cette ville les 20 et 21 février. Ces personnes, originaires d'Al Hoceima et d'Imzouren, sont poursuivies pour «constitution d'une bande de criminels et incendie volontaire d'établissements publics et de véhicules à moteurs, sabotage, attroupement armé, injure à un fonctionnaire, vol qualifié et consommation de drogue». Par ailleurs, dix-neuf personnes, poursuivies pour actes de vandalisme, de pillage et de sabotage à Tétouan et Chefchaouen, le 20 février dernier, ont comparu, jeudi 24 février, devant la chambre criminelle près la Cour d'appel de Tétouan. Selon la défense, ces personnes (13 de Tétouan et 6 de Chefchaouen), sont poursuivies notamment pour «désobéissance civile», «outrage à la police judiciaire» et «constitution d'une bande de criminels». Deux des mis en cause de Tétouan et un de Chefchaouen ont des antécédents judiciaires. La Cour, à la demande de la défense, a décidé le report de la séance au 3 mars prochain. A Marrakech, quelque 39 fauteurs de troubles, impliqués dans les actes de vandalisme ayant émaillé la manifestation du 20 février, ont été présentés mercredi à la justice, apprend-on de source judiciaire. A signaler que plusieurs actes de vandalisme ont été enregistrés dimanche 20 février à Tétouan. La plupart ayant pris pour cible la société chargée de la gestion de l'assainissement et de la distribution d'eau et d'électricité à Tétouan, Amendis, dont trois agences et le siège principal ont été saccagés et une quinzaine de véhicules détruits. Il en est de même de certaines agences bancaires et de commerces. Rappelons que le ministère de l'Intérieur avait indiqué que des violences ont éclaté peu de temps après la fin des manifestations dans les villes de Tanger, Tétouan, Larache, Al Hoceima, Sefrou, Marrakech et Guelmim, faisant cinq morts et 128 blessés, dont 115 éléments des forces de l'ordre. Ces actes criminels avaient endommagé 33 établissements et édifices publics, 24 agences bancaires, 50 commerces et édifices privés, 66 véhicules et deux vélomoteurs. Par ailleurs, les manifestations pacifiques ont eu lieu au niveau de 53 préfectures. Ceci dit et à l'exception des actes de violences, les manifestations du 20 février, auxquelles ont pris part près de 37.000 personnes, dans plusieurs régions du Royaume, se sont déroulées pacifiquement et sans intervention des forces de l'ordre. Ainsi, selon plusieurs ONG internationales de défense des droits de l'Homme, les manifestants ont pu faire entendre leurs revendications politiques et socio-économiques en toute liberté. Amnesty International, basée à Londres, s'est félicitée, lundi 21 février, de «la maturité» dont ont fait montre les autorités marocaines lors des manifestations. Malcolm Smart, directeur de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord au sein d'AI, a souligné que les manifestations se sont déroulées dans une atmosphère de paix contrairement à d'autres pays de la région. Les pays occidentaux ont également salué le climat pacifique dans lequel les manifestations se sont déroulées. Le président du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, a mis en avant «la particularité» du Maroc, pays qui a entrepris des réformes depuis des années. Le Maroc est dans «une situation différente» des autres pays de la région parce qu'il dispose effectivement d'un «système multipartite», a affirmé le chef de l'exécutif espagnol dans un entretien à l'agence Reuters, dont se sont fait l'écho mardi plusieurs médias espagnols. Pour leur part, «les Etats-Unis applaudissent le gouvernement marocain pour avoir autorisé les citoyens à manifester pacifiquement dimanche dernier», a déclaré, mercredi 23 février, un responsable du Département d'Etat. Aussi, le gouvernement britannique s'est félicité, mercredi, de la retenue dont ont fait montre les autorités marocaines durant les manifestations. «La majorité des manifestants ont exprimé des revendications de réformes économiques et sociales», a dit le porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères, soulignant que ces manifestations se sont déroulées «dans le calme et d'une manière ordonnée». Dans le même sens, plusieurs médias américains, dont CNN, le Wall Street Journal et le New York Times, avaient mis en avant «l'absence de violence et de présence policière visible» lors de ces manifestations, soulignant que ce constat contraste avec l'approche «agressive» des forces de l'ordre dans certains pays arabes en proie à des soulèvements populaires. HRW salue les marches pacifiques L'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a souligné, lundi 21 février, que des milliers de Marocains ont défilé pacifiquement à travers le Royaume «sans intervention» de la police, et «loin de la force meurtrière» utilisée par les forces de sécurité contre les manifestants dans d'autres pays arabes. «Des milliers de Marocains ont manifesté à travers le pays en grande partie sans intervention de la police, qui dans certains endroits était à peine visible», relève HRW. «Aujourd'hui, les forces de sécurité ont permis aux citoyens marocains de marcher pacifiquement», a souligné Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de HRW. «Les manifestants n'ont pas eu à subir la force meurtrière utilisée par les forces de sécurité en Tunisie, en Libye, en Egypte, au Bahreïn et au Yémen», a ajouté l'ONG US, basée à New York, soulignant que l'ensemble des marches à travers le Royaume se sont déroulées généralement de manière pacifique, hormis quelques incidents provoqués par des manifestants à Marrakech et dans le nord. A Rabat, où 2.000 personnes ont manifesté, selon HRW, pas plus d'une douzaine de policiers sans armes étaient dispersés le long de la manifestation. De plus, a-t-elle relevé, «les observateurs ont été surpris de ne voir aucun véhicule de forces auxiliaires ou de forces antiémeutes», soulignant qu'«aucune arrestation n'a été faite» dans cette ville. L'ONG a tenu, en outre, à rappeler que les grandes villes du Maroc «sont le théâtre de fréquentes manifestations», citant notamment les nombreuses marches organisées par les diplômés-chômeurs et celles en faveur du peuple palestinien.