Un médecin, exerçant dans un dispensaire à Casablanca, a été arrêté pour avoir remis plusieurs faux certificats médicaux aux «clients» qui avaient l'intention de mouiller des innocents dans des affaires de coups et blessures. Il est chauffeur d'un grand taxi. La quarantaine sonnante, ce père de famille parcourait quotidiennement, à bord de son véhicule blanc, le trajet entre la place Maréchal et le quartier El Oulfa, à Casablanca. En fait, il est un homme tranquille. Mais, le mauvais voisinage peut jeter quiconque dans le gouffre des rixes sans fin et le rendre une personne à problèmes. C'est ce qui est arrivé, récemment, à ce chauffeur de taxi. Pour quelques futilités, il s'est retrouvé en confrontation avec une voisine qui n'hésitait pas à le menacer de le mettre en prison. Il n'a pas pris ses paroles au sérieux. Puisqu'il ne l'a jamais violentée. Certes, il a échangé avec elle des invectives, mais sans la toucher. Quelques jours plus tard, un policier a frappé à sa porte. C'était sa femme qui lui a ouvert la porte puisqu'il n' était pas à la maison. Le policier lui a remis une convocation pour son mari. Celui-ci est rentré le soir. Quand sa femme lui a donné la convocation de police, il était convaincu que sa voisine ne jouait pas avec les mots. Le lendemain, il s'est présenté au commissariat de police. Il a été informé que sa voisine avait porté plainte contre lui, qu'elle l'avait accusé de l'avoir maltraitée et qu'elle avait remis à la police un certificat médical attestant qu'elle a fait l'objet de coups et blessures qui lui ont causé une incapacité temporaire totale de vingt-six jours. Le chauffeur s'est disculpé. Il a été relâché en attendant que l'enquête soit achevée. Que devait-il faire pour prouver son innocence? Pourquoi le médecin lui a remis un certificat médical attestant qu'elle avait été maltraitée? Le médecin a-t-il constaté des traces de violence sur son corps ? Ce n'était pas vrai. Enfin, le chauffeur de taxi, qui a noté le nom du médecin et le dispensaire où il exerce, a trouvé la solution convenable pour prouver son innocence. Comment ? Le lendemain matin, il a recouru au dispensaire Al Massira, situé au quartier Sidi Moumen. Il a cherché le médecin puisqu'il était l'auteur du certificat médical remis à la plaignante. Quand il l'a rencontré, il lui a demandé de lui rédiger un certificat médical attestant qu'il avait fait l'objet de coups et blessures. En deux minutes, il le lui a remis avec un sourire aux lèvres surtout quand il a vu un billet de deux cents dirhams glissé dans sa poche. Quelques jours plus tard, le chauffeur de taxi était une seconde fois parti chez le même médecin. Cette fois, il lui a demandé de lui rédiger un certificat médical pour sa mère. Le «service» a été rendu contre un billet de cent dirhams. Les deux certificats médicaux en poche, le chauffeur de taxi s'est dépêché sur la préfecture de police. Il a déposé une plainte contre le médecin. Il a affirmé aux limiers que sa mère n'est plus en vie, il y a onze ans, depuis février 1999. Et pourtant, le médecin en cause lui avait remis un certificat médical attestant que son corps présente des signes de violence qui ont nécessité une ITT de vingt-deux jours. Une souricière a été tendue par les enquêteurs et le médecin est tombé dans leurs filets. Il a été arrêté lundi 3 janvier. Deux intermédiaires qui lui cherchaient des «clients» surtout devant les portes des commissariats et dans les couloirs des tribunaux ont été également interpellés par la police judiciaire. Le médecin qui a rédigé plusieurs faux certificats et ses deux complices ont été traduits, mercredi 5 janvier, devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Mais, combien d'innocents ont-ils été mouillés dans une affaire de coups et blessures sur la base de certificats médicaux rédigés par ce médecin ?