Sept médicaments présentant un risque de toxicité cardiaque seront retirés des pharmacies. Il s'agit des Di-Antalvic, Bi-Algan, Paradex, Bi-Sedal, Propofan, Xalgix et Dextramol. Après le rappel de tous les lots du médicament «Mediator» disponible sur le marché national, le ministère de la Santé a décidé le retrait de tous les médicaments contenant du «Dextropropoxyphène». Une décision prise en raison du risque de toxicité cardiaque que présente ce principe actif. Un communiqué du ministère de la Santé, en date du mercredi 29 décembre, indique que «le ministère a réuni d'urgence la Commission consultative de pharmacovigilance, qui a jugé le rapport bénéfice/risque défavorable en raison du risque de toxicité cardiaque». Le ministère de la Santé a ainsi appelé les établissements pharmaceutiques détenteurs des autorisations de mise sur le marché de ces médicaments au rappel de tous les lots disponibles sur le marché national et la destruction des lots rappelés ainsi que ceux détenus dans leurs stocks. Contactée par ALM, Raja Benkirane, responsable du département de pharmacovigilance au Centre antipoison, qui a pris part à cette réunion au ministère de la Santé, précise que «les médicaments faisant l'objet de retrait sont le Di-Antalvic du laboratoire Sanofi-Aventis, Bi-Algan de Sanofi-Synthemedic, Paradex de Coopermaroc, Bi-Sedal de Promopharm, Propofan de Frilab-Synthemedic, Xalgix de Sothema et le Dextramol de Pharma 5». Selon un responsable du ministère de la Santé, le Di-Antalvic avait fait en 2009 l'objet d'une mise en garde. Dans le communiqué du ministère de la Santé, l'on souligne que le retrait de ces sept médicaments se fera à partir du 31 janvier 2011. Pourquoi alors attendre un mois avant de retirer ces médicaments présentant un risque de toxicité cardiaque du marché national ? «Un mois est la durée nécessaire pour aviser toutes les pharmacies du Royaume. Il faut aussi relever que le danger n'est pas imminent dans notre pays contrairement en Europe et aux Etats-Unis. Si nous avions constaté un danger potentiel, les médicaments auraient été retirés dans l'immédiat. Jusqu'à ce jour, nous n'avons enregistré aucun cas de décès suite à la prise de ces médicaments», répond Mme Benkirane. Une réponse qui révèle que dans la culture de l'administration marocaine la réactivité est liée à la mortalité : on ne réagit que lorsque l'on a un mort sur la conscience. Etonnant mais typiquement marocain. Un mois entre l'annonce et le retrait effectif de ces médicaments est une période trop longue pour des produits jugés par le ministère de tutelle à risque avéré de toxicité cardiaque. Par ailleurs, Mme Benkirane tient à souligner que la Commission consultative de pharmacovigilance a opté pour le retrait suites aux dernières alertes aux Etats-Unis. Une étude américaine qui a été rendue publique récemment a montré que les médicaments contenant du dextropropoxyphène seraient responsables d'effets indésirables cardiaques, à des posologies qui sont le double des doses thérapeutiques recommandées en France. S'agissant du dextropropoxyphène, Mme Benkirane précise qu'il «s'agit d'un antalgique. C'est un traitement symptomatique des affections douloureuses qui existe depuis la fin des années 60. Ce principe actif est un dérivé de la morphine qui est très consommé». Ce médicament qui agit contre les douleurs d'intensité modérée à intense est commercialisé en association à des analgésiques de faible puissance comme le paracétamol. En raison du danger que peuvent présenter ces médicaments, le ministère de la santé recommande ainsi aux médecins de ne plus prescrire ces médicaments à de nouveaux malades et de reconsidérer la prise en charge antalgique des malades actuellement traités par le Dextropropoxyphène sur la base des alternatives thérapeutiques disponibles sur le marché marocain.