L'affaire Gilbert Casanova remet sur la table la problématique de développement des méthodes de trafic de drogue entre le Maroc et l'Espagne. L'étau se resserre davantage sur les narcotrafiquants qui opèrent entre le Maroc et l'Espagne. Gilbert Casanova, le baron français de trafic de drogue, a été condamné, jeudi 9 décembre, à huit ans de prison ferme par le tribunal correctionnel de Marseille. Le mis en cause, âgé de 60 ans, ex-nationaliste corse et ancien président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Ajaccio, a été poursuivi pour trafic international de résine de cannabis par hélicoptère, organisé en 2008 entre le Maroc et la France via l'Espagne. L'accusation l'avait présenté comme le chef d'orchestre d'une opération qui s'est achevée le 22 juin 2008 par la saisie de 565 kg de résine de cannabis à Béziers dans la région de l'Hérault. Dix autres prévenus, qui étaient jugés aux côtés de Gilbert Casanova ont été condamnés, jeudi, à des peines de trois à huit ans de prison ferme. Le tribunal correctionnel a, en outre, prononcé contre l'ensemble des mis en cause une amende douanière solidaire de 12 millions d'euros. A ces peines, les juges ont ajouté la confiscation de plusieurs biens, maisons, appartements, véhicules et bateaux leur appartenant. Casanova est un ancien dirigeant du Mouvement pour l'autodétermination (MPA) et a été condamné en 2005 à trois ans de prison pour avoir été coupable, en qualité de président de la Chambre de commerce et d'industrie d'Ajaccio, de «banqueroute et abus de biens sociaux» dans un dossier portant sur le détournement de 2,4 millions d'euros. L'affaire Gilbert Casanova remet sur la table la problématique du développement des méthodes de trafic de drogue entre le Maroc et l'Espagne. Les narcotrafiquants ne manquent pas d'imagination pour assurer l'acheminement en toute sécurité de la drogue de tous genres vers l'Europe. Et le trafic aérien n'est pas des moindres. Face aux renforcements des contrôles par voie maritime et terrestre entre les deux pays, l'usage des avions légers comme moyen de transport est de plus en plus fréquent. L'interception des vols d'aéronefs clandestins a eu lieu pas mal de fois au cours de ces dernières années. En octobre 2010, les services de polices française et espagnole ont démantelé un réseau de trafiquants de cocaïne et de haschisch qui acheminait la drogue par hélicoptère depuis le Maroc, arrêtant six malfaiteurs français. Le réseau payait les pilotes d'hélicoptère 1.000 euros par kilo de cocaïne transporté depuis le Maroc jusqu'au sud de l'Espagne, d'où la drogue était convoyée en voiture jusqu'au port de Marseille. En septembre 2009, deux ressortissants espagnols, soupçonnés de vouloir s'approvisionner en drogue, ont été arrêtés au Maroc. Les deux personnes voyageaient à bord d'un petit avion de tourisme, immatriculé en Espagne, qui s'est écrasé le lundi 21 septembre 2009 dans la région de Taourirt, dans l'Oriental. Elles sont sorties indemnes du crash, mais elles ont été arrêtées plus tard par la gendarmerie pour violation de l'espace aérien marocain et trafic de drogue. La Gendarmerie royale avait intercepté, également, en mai 2008, un aéronef bimoteur, au lieu-dit Halloufa, à 11 km du nord-ouest de Souk Larbaâ du Gharb, après son atterrissage sur une route non classée dans le but de récupérer des stupéfiants. L'avion était piloté par un ressortissant américain, Wilson James Douglas. La tour de contrôle de Séville avait signalé que le pilote avait déposé un plan de vol local dans la région de Malaga. Au Maroc, la lutte anti-drogue est l'une des priorités des pouvoirs publics. Le ministre de l'Intérieur, Taib Cherkaoui, avait annoncé, lundi 6 décembre, devant la Commission de l'Intérieur, de la décentralisation et des infrastructures à la Chambre des conseillers, que les pouvoirs publics ont poursuivi, durant l'année en cours, les campagnes de lutte contre la propagation de la culture du cannabis dans les provinces concernées. De même, une panoplie de mesures prises dans ce cadre a permis la destruction d'environ 9.400 ha, la saisie durant les dix premiers mois de 2010 de plus de 118 tonnes de chira, plus de 43 kg de cocaïne et plus de 85.000 comprimés psychotropes.