Le ministre français de l'Intérieur est attendu au Maroc au lendemain de son annonce d'un durcissement de la procédure de délivrance des visas de court séjour vers la France. Brice Hortefeux, ministre français de l'Intérieur, de l'Outre-mer, des Collectivités territoriales et de l'Immigration, est attendu aujourd'hui, jeudi 9 décembre, au Maroc. En effet, M. Hortefeux répond à l'invitation de son homologue marocain Taib Cherkaoui. Cette visite a pour objectif de passer en revue la coopération bilatérale et les sujets d'intérêt commun. Au menu de cette rencontre, il y a, entre autres, le dossier de l'immigration clandestine et les procédures d'obtention de visa. En effet, et à la veille de sa visite au Maroc, M. Hortefeux a d'ores et déjà clarifié ses positions par rapport à ce sujet sensible, en annonçant que la procédure de délivrance des visas sera durcie. «Dès lundi prochain, je réunirai tous les préfets pour les mobiliser à nouveau sur la lutte contre l'immigration clandestine. J'ai déjà donné des instructions aux quinze préfets qui n'ont pas atteint leurs objectifs. Dans les prochaines semaines, je les réunirai avec les consuls pour leur fixer mes priorités dans l'attribution de visas et leur demander d'être plus vigilants dans la délivrance des visas de court séjour qui ne doivent pas être des «passeports pour la clandestinité»», a souligné M. Hortefeux dans un entretien accordé au quotidien français Le Figaro dans l'édition du mercredi 8 décembre. «Pour faire baisser la pression de l'immigration clandestine, il faut appliquer concrètement le pacte européen que j'ai fait adopter à l'unanimité en 2008. L'Europe n'est pas une passoire. Elle doit se doter de nouveaux gardes-frontières pour mieux contrôler les frontières extérieures. Parallèlement, je souhaite poursuivre le dialogue avec les pays sources. C'est le meilleur moyen de maîtriser l'immigration, notamment avec le Maghreb et l'Afrique subsaharienne. Une quinzaine d'accords ont, d'ores et déjà, été signés», a ajouté M. Hortefeux. Avec M. Cherkaoui, le ministre français fera également le point sur l'immigration illégale et les réseaux de passeurs qui s'activent dans la région du Maghreb. «Nous combattons avec vigueur les passeurs, les mafieux, tous ces esclavagistes modernes qui exploitent la misère humaine : depuis janvier, 156 filières ont été démantelées, contre 126 l'an dernier. C'est donc un progrès record. Enfin, nous surveillons mieux nos frontières, puisque ceux qui tentent d'entrer sans visa ont été près de 100.000 à être refoulés depuis trois ans», a indiqué M. Hortefeux. La visite de Brice Hortefeux fait suite à celle de septembre 2009 où il avait rencontré Chakib Benmoussa, à l'époque ministre de l'Intérieur. Ils avaient fait le point de la coopération bilatérale sur la lutte contre le terrorisme, le trafic de drogue et les nouvelles formes de criminalité organisée. Ils ont eu un échange approfondi sur la dimension régionale du terrorisme, qui constitue pour les deux pays un véritable défi, non seulement pour les deux pays mais également pour les pays de l'Afrique du Nord et de l'Europe. Ce sujet est toujours d'actualité puisque Al Qaïda au Maghreb islamique a multiplié ses menaces à l'égard de la France. Ainsi, la rencontre de Taib Cherkaoui avec Brice Hortefeux s'inscrit dans le cadre des orientations fixées entre les deux pays en matière de coopération bilatérale. Parmi les dossiers importants figure celui de la lutte antiterroriste où les deux pays misent sur une coopération renforcée, par un échange soutenu, régulier et rapide d'informations entre leurs services. Par ailleurs, et concernant la lutte contre le trafic des stupéfiants, la France et le Maroc se sont convenus de l'intensification des échanges opérationnels et de la coopération technique dans ce domaine. Ils veulent exploiter au maximum le Centre de coordination de la lutte anti-drogue en Méditerranée, basé à Toulon (CECLAD). En ce qui concerne la lutte contre la cybercriminalité, elle est devenue depuis l'année dernière un champ de coopération de plus en plus important entre la France et le Maroc. Les deux ministres s'étaient entendus sur un programme visant le renforcement des mécanismes dans ce domaine.