Tous les deux, une fillette et un garçon, n'avaient que quatre ans quand ils se sont disputés. L'oncle de la première est venu se plaindre chez les parents du second. Malheureusement tout a été terminé dans le sang. Nous sommes à Casablanca. La salle d'audience à la chambre criminelle près la Cour d'appel est archicomble. Driss est assis au banc des accusés. Avant d'être arrêté pour meurtre, cet homme de trente ans, sans profession, passait le plus clair de son temps chez lui, à consommer du haschich. Après avoir quitté l'école au niveau du primaire, il a été recruté par plusieurs entreprises. Mais il a été mis, à chaque fois, à la porte suite à ses comportements nerveux. Bref, Driss est un jeune qui s'emporte et perd tout contrôle de ses nerfs pour la moindre raison. C'est ce qui lui est arrivé ce 19 avril, dans l'après-midi. Il fumait une cigarette, quand sa nièce, âgée de quatre ans, est arrivée chez lui en sanglotant à chaudes larmes. Driss l'a cajolée et l'a caressée pour la calmer et lui demander de lui raconter ce qui lui est arrivé. Mais, la fille n'a pas pu retenir ses larmes. Elle a continué à gémir. Driss l'a conduite chez sa mère. Celle-ci est arrivée à la calmer. Et la fillette a commencé à leur raconter son histoire : elle jouait avec son petit voisin, Mohamed, quand celui-ci l'avait frappée violemment sans raison apparente et s'est enfui en rentrant chez lui. Énervé, Driss a tenu la main de sa nièce et est sorti en sa compagnie à la recherche de Mohamed. Quand il ne l'a pas trouvé dans la rue, il a frappé violemment à la porte de sa demeure. Une femme est apparue et l'a interrogé à haute voix : «Pourquoi frappes-tu ainsi la porte ?» Driss lui a répondu que son fils avait malmené sa nièce. «Et après, veux-tu le frapper maintenant?», lui a-t-elle demandé sur un ton nerveux. La tante de l'enfant est sortie également de la maison. Très agitée, elle lui a demandé d'aller chercher la police. Driss a commencé à les insulter. Les deux femmes n'ont pas avalé leurs langues. Au contraire, elles l'ont abreuvé d'injures au point qu'il a tenté de les maltraiter. Les voisins sont intervenus pour empêcher que l'irréparable ne se produise. «Je vais revenir pour vous rééduquer toutes les deux, filles de…», leur a lancé Driss avant de retourner chez lui. Sans que sa sœur ne s'en rende compte, il s'est saisi d'un couteau et a laissé sa nièce à la maison pour retourner chez la famille de l'enfant. À ce moment, les deux sœurs sont parties pour demander à leur père, Ahmed, âgé de soixante-dix ans, d'intervenir. Rapidement, ce sexagénaire les a accompagnées pour les défendre. En arrivant, le père a remarqué que Driss était déjà à la recherche des deux filles. Brandissant un couteau, il les insultait. Le septuagénaire s'est avancé vers lui. Il a tenté de le calmer. Il lui a demandé de se taire et de respecter ses deux filles ainsi que ses voisins du quartier. Driss qui semble avoir perdu tout contrôle de ses nerfs l'a traité de vieux proxénète et père de deux prostituées. Hors de lui, le sexagénaire a brandi sa canne s'apprêtant à asséner un coup à Driss. Celui-ci est arrivé à lui en arracher et lui asséner un coup de couteau juste au niveau du cœur. Il n'a pas pris la fuite. Mais, il a attendu l'arrivée de la police. Le vieillard a rendu l'âme quelques minutes plus tard. Et Driss a été arrêté et traduit devant la justice. Il a été condamné à dix ans de réclusion criminelle.