Un père de famille, âgé de trente ans, a été condamné par la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca à six ans de réclusion criminelle pour avoir abusé d'une fillette de huit ans. «Pourquoi vais-je violer une fille de huit ans alors que je suis marié ?». C'est la question posée par Mohamed, poursuivi selon l'article 485 du Code pénal, pour attentat à la pudeur sur une mineure. Ce jeune homme de trente ans, père de deux enfants, demeure au bidonville Lahraouiyine, situé au nord de la capitale économique. Il partage sa baraque depuis trois ans avec Bouchaïb. Ce père d'une fillette de huit ans qui poursuit ses études au primaire, jouit d'une bonne réputation depuis qu'il a regagné le bidonville. Nous sommes à la salle d'audience N°7, à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Mohamed qui se tient au box des accusés se disculpe d'avoir abusé de la fillette de son voisin Bouchaïb. «Il s'agit d'un coup monté, M. le président… Comment oserais-je abuser de cette fille que je considère comme l'un de mes enfants?», s'interroge-t-il tout en accusant son voisin d'avoir monté ce coup pour ne pas lui rendre son argent qu'il lui avait prêté depuis quelques mois. « Nous étions de bons voisins au point qu'il s'est rendu chez moi il y a plus de six mois pour me demander une somme de mille neuf cents dirhams… Je lui ai prêté la somme après m'avoir promis de la restituer dans un délai de deux mois… Mais, il a fini par me tourner le dos», affirme Mohamed devant la Cour. Est-il vrai que Bouchaïb a inventé cette histoire pour ne pas remettre les 1900 DH à Mohamed ? Devant la Cour, Bouchaïb nie avoir emprunté le moindre sou de Mohamed. Étrange ! Qui a raison et qui a tort ? Mohamed confirme l'histoire du prêt. Et insiste qu'il s'agit d'un coup monté en précisant : «Il y a un mois, Bouchaïb est venu chez moi pour m'expliquer qu'il ne dispose pas d'argent et que je dois lui accorder un peu de temps. Nous avons siroté, chez moi, du thé. Quand il est parti, sa fille est rentrée chez moi et m'a demandé de lui remettre un jouet de mon enfant . J'ai refusé. Je suis sorti. Quand je suis retourné chez moi, ma femme m'a informé que les Gendarmes étaient venus me chercher». Cependant, les enquêteurs de la Gendarmerie royale ont attesté dans le procès-verbal de l'affaire que le mis en cause a affirmé avoir demandé à l'écolière de lui faire une course. Lorsqu'elle est entrée chez lui, il l'a serrée pour l'embrasser. Effectivement, sa femme et ses deux enfants n'étaient pas dans la baraque. Il lui a enlevé le slip et a abusé d'elle. Après quoi, il lui a remis un jouet de téléphone portable. En retournant chez sa mère, celle-ci lui a demandé de restituer le jouet à Mohamed. Et elle s'est interrogée sur le fait qu'un homme cupide, comme Mohamed, donne un jouet à sa fille. Aussitôt, elle a enlevé le slip de sa fille et l'a examiné. Et c'était sa surprise ! Des rougeurs entre ses cuisses et près de sa partie intime. Elle l'a conduite à l'hôpital. Le médecin-chef lui a remis un certificat médical attestant que l'écolière avait été abusée sexuellement. Rapidement, la mère s'est rendue chez les gendarmes et a déposé une plainte. «Les gendarmes m'ont torturé, M. le président», répond Mohamed quand le président lui a rappelé quelques extraits de ses déclarations consignées dans le PV. Seulement les déclarations de la fillette devant la Cour ont anéanti tous les mensonges de Mohamed. L'écolière a expliqué avec détail les comportements de celui qu'elle considérait comme son père. La fillette a précisé que Mohamed avait abusé d'elle à plusieurs reprises contre une pièce d'un dirham. Seulement cette fois, le jouet de téléphone portable a mis la puce à l'oreille de sa mère. Mohamed a fini en prison avec six ans de réclusion criminelle sur le dos.