En plein jour de Ramadan, Mohamed, quadragénaire, père de trois enfants, repris de justice, maltraitait son fils de huit ans et ne l'a quitté que corps sans âme. Nous sommes au septième jour de Ramadan, mercredi 18 août, à la ville ocre, Marrakech. Un policier était en faction devant le 4ème arrondissement de police situé à Jemaâ El Fna quand Mohamed. E, âgé de quarante-deux ans, père de trois enfants, est arrivé, vers 14h15, demander le chef. Que voulait-il de lui ? Perturbé, il gardait le silence durant quelques minutes avant d'affirmer que quand il est rentré chez lui, il a découvert son fils, âgé de huit ans, dans un état lamentable, présentant des blessures et des ecchymoses sur toutes les parties de son corps. Le policier lui a expliqué qu'il devait le conduire à l'hôpital. Le quadragénaire lui a précisé que l'enfant a rendu l'âme. Aussitôt, le policier a conduit Mohamed au chef de l'arrondissement qui a écouté attentivement les déclarations du père qui a fondu en larmes. Les éléments de la brigade criminelle se sont mobilisés pour accompagner le quadragénaire chez lui au quartier Assalam, à l' ancienne médina. Quand ils y sont arrivés, les enquêteurs ont été conduits par le père vers la chambre où se trouvait l'enfant. Les enquêteurs ont remarqué, rapidement, que l'enfant n'était plus que corps sans âme présentant des traces de violence et qu'un bâton était déposé près de lui. L'enfant était-il maltraité violemment avant de rendre l'âme? «Je ne sais pas, chef… Quand je suis rentré chez moi, je l'ai trouvé allongé sur ce lit… Il respirait », a-t-il répondu. Mais qui l'a mis sur le lit ? Et qui a mis le bâton près de son corps? Le père n'avait pas de réponse convaincante. Les enquêteurs ont demandé où est la mère de l'enfant. Mais, elle ne s'y trouvait pas. Malade psychique, elle est alitée à l'hôpital Ibnou Nafis pour les maladies psychiques. Qui a martyrisé l'enfant jusqu'à la mort? Le père répétait qu'il n'avait aucune idée sur la personne qui a tué son enfant. Les enquêteurs se sont adressés aux voisins du père quadragénaire pour savoir ce qui s'est passé au juste. Les réponses des voisins étaient tranchantes : ils ont affirmé que Mohamed maltraitait l'enfant, lui donnait des coups de bâton avec un tuyau en plastique, et avec n'importe quel objet. Les voisins ont précisé aux enquêteurs qu'avant leur arrivée, ils entendaient l'enfant qui criait, qui demandait secours et qui sanglotait alors que le père rouait son fils de coups de bâton. Ils ne pouvaient pas intervenir, ont-il expliqué aux limiers, car le père était très violent et cruel. Personne ne pouvait s'approcher de ce repris de justice qui avait purgé plusieurs peines d'emprisonnement pour trafic de drogue et violence. Pourquoi n'ont-ils pas alerté la police ? Ils n'avaient pas de réponse. Interrogeant une autre fois le père qui s'est disculpé au début, il a avoué son crime. Il a reconnu avoir maltraité son fils en lui donnant des coups de bâton. Piquant une crise d'hystérie au moment du jeûne, surtout qu'il est fumeur et drogué, il a continué à le rouer de coups jusqu'au moment où il a remarqué que l'enfant ne respirait plus. Il a cessé de le frapper, parce qu'il n'est plus que corps sans âme. Et il est allé à la police pour les alerter. «Je n'avais que l'intention de l'éduquer», a-t-il justifié sa violence contre son enfant. Mohamed E. a été traduit, samedi dernier, devant le parquet général près la Cour d'appel de Marrakech poursuivi pour infanticide.