Réuni lundi 16 août, le secrétariat général du PJD a décidé de sanctionner Mohamed Hanini, président du conseil municipal de Midelt, suivant les conclusions du rapport de la commission d'éthique du parti islamiste. Le scandale de Midelt déstabilise le Parti de la justice et du développement (PJD). La fameuse vidéo diffusée récemment sur Youtube montrant l'implication du président du conseil municipal de la ville de Midelt, Mohamed Hanini, membre du parti islamiste, dans une affaire de corruption, a suscité la réaction des dirigeants du PJD pour contenir ce scandale. Réuni lundi 16 août, le secrétariat général du PJD a décidé de sanctionner M. Hanini, suivant les conclusions du rapport de la commission d'éthique du parti islamiste présidée par Mustapha Ramid. Le président du conseil municipal de Midelt risque l'exclusion des rangs du parti dirigé par Abdelilah Benkirane. «D'après le rapport de la commission d'éthique, présidée par Me Mustapha Ramid, qui a été soumis au secrétariat général lundi 16 août, le président du conseil municipal de Midelt a nié avoir reçu de l'argent dans le cadre d'une affaire de corruption, mais, pour nous, ce dernier a outrepassé ses prérogatives et s'est écarté de la ligne directrice du PJD. Cette personne s'est impliquée, dans des circonstances douteuses, dans des affaires qui ne concernent nullement la gestion de la municipalité et va être automatiquement sanctionnée», précise Lahcen Daoudi, secrétaire général-adjoint du PJD, dans une déclaration à ALM, ajoutant que le secrétariat général du parti islamiste devait, hier mardi en fin d'après-midi, prononcer la sanction qui va être infligée à Mohamed Hanini en attendant la décision de la justice dans cette affaire. Ceci dit, et dans le cadre de l'enquête judiciaire, le propriétaire du parc des jeux de la ville de Midelt, montré dans la vidéo, ayant déposé plainte auprès du procureur du Roi auprès de la Cour d'appel de Meknès, a été auditionné, lundi matin 16 août, par des éléments de la police judiciaire dans le cadre d'une enquête judiciaire. Les membres du conseil municipal de Midelt impliqués dans cette affaire devront être auditionnés à leur tour. A noter que Mohamed Hanini a nié, dans une vidéo diffusée sur Youtube, toute implication dans cette affaire de corruption accusant des parties adverses de monter ladite vidéo afin de porter atteinte à sa crédibilité et à l'image du PJD et qu'il aurait juste intervenu en tant qu'intermédiaire entre le propriétaire d'un terrain et le propriétaire d'un parc de jeux à Midelt pour régler un litige commercial. Pourtant, M. Hanini n'est pas arrivé à travers ces mêmes arguments à convaincre les siens. Ceci dit, et selon des observateurs, l'affaire de Midelt est révélatrice à bien des égards. Cette affaire rappelle la responsabilité des partis politiques au nom desquels les élus locaux se présentent aux élections. «Le rôle des formations politiques dans la moralisation de la vie publique est primordial. A l'occasion des différentes élections communales, nous appelons les partis à serrer leurs rangs en n'accordant l'accréditation qu'aux personnes intègres ayant une bonne réputation et capables d'accomplir en toute honnêteté leur mission en tant qu'élus locaux. En fait, tant que les partis politiques ne feront que «remplir» leurs listes électorales dans le seul objectif d'avoir le maximum de sièges, le résultat serait des élus locaux malhonnêtes et corrompus à l'image de ce qui s'est passé à Midelt», fait observer Mohamed Meskaoui, coordinateur national de l'Instance nationale de protection des deniers publics (Voir entretien ci-contre). Le scandale de Midelt révèle aussi que les pratiques malhonnêtes et douteuses persistent s'agissant de la conclusion des marchés publics, notamment la corruption et le trafic d'influence. Quand Youtube fait justice Avant la vidéo sur Youtube de l'affaire de corruption de Midelt visionnée par 7.000 internautes en six jours, plusieurs vidéos de la sorte avaient fait le «Buzz», rendant ainsi Internet le moyen le plus accessible de faire justice soi-même. En 2007, les quatre vidéos du «sniper de Targuist» avaient pris, à plusieurs reprises, des gendarmes en flagrant délit de corruption. Elles avaient conduit à des condamnations à des peines de prison pour neuf gendarmes et des mutations pour d'autres. Vues par près de 500.000 internautes, ces vidéos avaient fait le tour du monde et ont été reprises par des médias étrangers. Au bout de ses deux premières vidéos, le sniper de Targuist a amélioré la qualité de ses films et est allé jusqu'à donner le nom des personnes corrompues. On cite aussi la fameuse vidéo du présumé mariage homosexuel à Ksar El Kébir. Après sa publication, plusieurs milliers d'habitants sont descendus dans les rues de Ksar El Kébir pour protester violemment contre le contenu de cette vidéo. S'ensuivit une série d'arrestations et d'inculpations.