La crise de confiance entre Nicolas Sarkozy et une majorité de Français persiste et son impopularité continue de creuser dans le souterrain. Les premières études d'opinion qui ont étudié l'impact de la prestation télévisée de Nicolas Sarkozy en début de semaine sont d'une clarté limpide.Le président de la République n'a réussi ni à convaincre ni à séduire encore moins à détourner l'attention des Français sur le chapelet d'affaires qui empoisonnent leur vie politique depuis de longues semaines. Cet oracle des maisons des sondages est tombé comme un couperet. Tant d'efforts dans la persuasion, tant d'énergie dans la contre-attaque, une presse mise sur le bûcher pour atteindre ce maigre résultat. La crise de confiance entre Nicolas Sarkozy et une majorité de Français persiste et son impopularité continue de creuser dans le souterrain. La carte de l'intervention télévisée était précieuse. Une occasion rare pour le président de la République de tenter de retisser un lien de confiance privilégié avec l'opinion, de dresser un cap là où l'horizon semble muré, de mettre de la perspective là où la confusion fait des ravages. En décidant de ne rien changer dans sa stratégie, en renouvelant une confiance aveugle à son ministre du Travail empêtré dans une série d'affaires où le conflit d'intérêt le dispute allégrement au financement politique illégal, Nicolas Sarkozy avait fait le choix de la résistance têtue aux faits les plus avérés et à la dénégation des réalités les plus admises. A peine avait-il daigné reconnaître que le poste de trésorier de l'UMP pouvait avoir quelques disponibilités à gêner un ministre dans l'exercice de ses fonctions. Nicolas Sarkozy avait par ailleurs poussé la posture d'autiste dans laquelle il avait décidé d'enfermer son action jusqu'à accuser des officines qui travaillent dans l'ombre pour saboter sa gouvernance. Cet exercice s'était accompagné d'une posture d'auto victimisation qui rajoute de l'incompréhension à la crise de confiance. Au fur et à mesure que d'autres affaires sortent et plombent le ministre du Travail Eric Woerth notamment celle d'avoir vendu, au cours des derniers jours qu'il avait passés au ministère du Budget, un domaine de l'Etat à Compiègne dix fois moins que sa valeur réelle, Nicolas Sarkozy ne peut plus continuer dans cette voie sans courir le risque de se couper définitivement de l'opinion. Il est vrai que le remaniement constituait une belle occasion de reconfigurer l'ensemble de l'exécutif et d'enterrer les visages synonymes d'affaires et de casseroles. Mais Nicolas Sarkozy l'a refusé pour ne pas apparaître comme quelqu'un qui agit sous la contrainte de la presse et le dictat des officines. Pour lui, un homme habitué à insuffler le tempo, être un président sous influence est le comble même de la dégradation. Il veut pouvoir passer l'été et tenir jusqu'au mois d'octobre. Même si cela doit se faire dans la douleur. Les journées d'été sont traditionnellement longues et orageuses. Face aux difficultés que rencontre Nicolas Sarkozy, l'opposition, notamment socialiste s'enhardit de jour en jour. Un de ses leaders, le député Arnaud Montebourg parle de «trafic d'influence à un stade industriel». Le PS n'en démord pas et continue, histoire de gêner aux entournures Nicolas Sarkozy , à réclamer une commission d'enquête parlementaire pour faire la lumière de la grande affaire Bettencourt et sa générosité avec le parti présidentiel.