Avec une cote de popularité en berne, une crise économique et un chômage persistants, une majorité rétive à certaines de ses réformes, Nicolas Sarkozy aborde dans une situation délicate les élections régionales, dernière échéance électorale avant la présidentielle de 2012. "2010 ne sera pas facile", admet-on dans l'entourage du chef de l'Etat, tout en se disant "plutôt soulagé" par une année 2009 durant laquelle de "nombreuses crises ont été surmontées (grève dans les transports, restauration, La Poste...). Les élections régionales de mars ne s'annoncent pas sous les meilleurs auspices pour une droite étrillée en 2004. Les sondages donnent l'UMP nettement en tête au premier tour mais en difficulté au second, faute de réserve de voix face à l'opposition. L'entourage présidentiel semble avoir pris la mesure des difficultés et veut éviter que le scrutin apparaisse comme un test national. "Le président ne participera à aucun meeting de campagne", assure-t-on. Autre écueil pour le président: la contestation, au sein de son propre camp, de certaines de ses réformes majeures (taxe professionnelle, collectivités territoriales avec un changement de scrutin à la clé). Des voix à droite se sont également mêlées à celles de la gauche pour dénoncer la tournure d'un débat très passionné, celui sur l'identité nationale, et ce malgré la tentative de recadrage du président. M. Sarkozy a été particulièrement irrité, selon ses proches, par les propos du socialiste Vincent Peillon l'ayant comparé au maréchal Pétain. "Peillon ne connaît pas l'histoire", reproche-t-on à l'eurodéputé. La secrétaire d'Etat Nora Berra a claqué la porte d'une réunion UMP pour protester contre des propos rapportés du député UMP Pascal Clément sur l'islam. "A l'Elysée, ça fait longtemps que l'on pense que M. Clément n'est pas le meilleur d'entre nous". Mais "il ne faut pas juger avant la fin des débats. Le président prendra la parole le moment venu pour faire un certain nombre de propositions", ajoute-t-on. Selon son entourage, M. Sarkozy se rendra en début d'année au carré musulman du cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras, plusieurs fois profané. Toujours selon ses proches, le président juge également que la question du voile intégral est "un sujet si sensible qu'il faut que chacun évite d'en faire une affaire personnelle". Une pierre dans le jardin du patron des députés UMP, Jean-François Copé, qui a annoncé une prochaine proposition de loi pour interdire la burqa dans l'espace public. Autre dossier susceptible de soulever les passions: celui de la réforme des retraites, déjà engagée en 2008 avec les régimes spéciaux et sur lequel plusieurs gouvernements se sont cassé les dents. Toutes ces difficultés, le chef de l'Etat doit y faire face avec une impopularité qui atteint, voire dépasse 60% dans plusieurs enquêtes d'opinion. Toutefois, c'est sur la scène internationale que M. Sarkozy pourrait retrouver du tonus, comme en 2009 avec la régulation financière, même si le sommet de Copenhague sur le climat n'a pas donné les résultats qu'il escomptait. Plusieurs grands rendez-vous figurent à son agenda: deux G20 (Canada, Corée du sud), deux voyages en Russie, un à Shanghaï pour l'exposition universelle, un autre en Afrique (50e anniversaire de l'indépendance des ex-colonies françaises). En mai, Nicolas Sarkozy fêtera son troisième anniversaire à l'Elysée. Briguera-t-il un second mandat? "Je prendrai ma décision en 2011", a-t-il déjà averti. "Les conditions politiques sont réunies mais il y a aussi une question personnelle", relèvent ses proches.