Sa tante, quinquagénaire, qui le traitait comme son propre fils, lui a prêté de l'argent. Quand elle lui a demandé de lui restituer la somme d'argent, il l'a tuée. Il a été arrêté et traduit en justice à Meknès. Nous sommes au quartier El Mansour I, à la capitale ismaélite, Meknès. Rajae. J, âgée de cinquante-trois ans, était une nouvelle propriétaire à la résidence Al Ikhlasse. Elle venait, il y a juste six mois, d'y acheter un appartement. Elle s'y est installée après avoir quitté définitivement la France où elle vivait pendant plusieurs années. Seulement, elle n'a jamais pensé que ce changement de cap allait lui coûter cher. Comment ? C'était le matin du jeudi 13 mai. Un voisin lui a rendu visite. Il a frappé à la porte. Personne ne répondait. Pourquoi ? Il ne savait rien. Il a frappé plusieurs coups. Toujours en vain. Personne ne lui a ouvert la porte. A-t-elle passé la nuit hors de chez elle ? Non. Depuis qu'elle est venue à Meknès, elle ne passait la nuit que chez elle. Etait-elle malade? Peut-être. Que devait-il faire? Il a appelé le membre le plus proche de la famille de Rajae qui est venu rapidement. Personne ne lui a répondu quand il a frappé. La solution ? Alerter la police. Les éléments du dixième arrondissement de police et de la police judiciaire se sont dépêchés sur les lieux en compagnie des sapeurs-pompiers. Ceux-ci ont défoncé la porte. Les policiers sont entrés dans l'appartement. Ils ont remarqué qu'il était en désordre. C'était une preuve qu'il y avait un intrus. Du vestibule, l'un des policiers a appelé à deux reprises : «Rajae». Pas de réponse. Enfin, ils ont défoncé la porte de la chambre à coucher qui était fermée. Ils ont finalement réussi à y entrer. La scène était insupportable, atroce, horrible, abominable. Rajae n'était que corps sans âme, gisant dans une mare de sang, criblé au niveau du dos, de la poitrine et du ventre, par un objet tranchant. Qui l'a tuée ? Quand ? Et pourquoi ? Selon les témoignages recueillis par les enquêteurs, il semble qu'elle a été tuée la veille, mercredi 12 mai. Les enquêteurs ont remarqué que la porte n'était pas ouverte par effraction. Un indice qui leur a permis de conclure que l'auteur du crime ne pouvait être qu'une personne proche de la victime. Sans aucun doute, celle-ci lui a ouvert la porte et l'a accueilli chez elle sans avoir l'idée qu'il avait l'intention de la tuer. Qui était cette personne? Les investigations policières ont permis d'apprendre que son neveu, Abdeslam, âgé de vingt-six ans, soldat de son état, lui rendait souvent visite quand il venait de Casablanca. Elle le considérait comme son propre fils. Surtout qu'elle n'a pas eu d'enfants et qu'elle avait pris soin de lui dès qu'il a été abandonné par sa mère qui a choisi de se remarier et consacrer sa vie à son mari. En fait, à chaque fois qu'Abdeslam avait eu une permission de sortie, il partait chez sa tante maternelle, Rajae, qui lui a aménagé une chambre où il se reposait durant ses jours de congé. Généreuse avec lui, elle le traitait comme son propre fils. Pourrait-il être l'auteur du crime? Personne n'a cru les soupçons des enquêteurs qui se sont lancés à sa recherche. Au fil des heures, Abdeslam a été arrêté par les enquêteurs. Il était très en colère, enragé et furieux. Armé d'un couteau, il a manifesté une résistance farouche envers les enquêteurs qui ont tout fait pour qu'ils l'arrêtent. Et ils sont arrivés enfin à l'arrêter sans que personne ne soit blessé. Conduit au commissariat de police, il a été soumis aux interrogatoires. Il a tout avoué. Il a reconnu être l'auteur du crime de sa tante maternelle. Pourquoi? Abdeslam a avoué qu'elle lui a demandé de lui rendre la somme d'argent qu'elle lui avait prêtée. Quand il lui a demandé de lui accorder un délai, elle a refusé et elle a commencé à l'insulter. Hors de lui, selon ses déclarations devant les enquêteurs, il a saisi un couteau et lui a asséné plusieurs coups avant de partir. Il avait l'intention de retourner à la caserne de Casablanca pour reprendre son travail puisque son congé venait de prendre fin.