Les patrons de la presse marocaine se soucient de l'avenir des supports écrits. Entre audiovisuel et multimédia, la presse écrite s'impliquera dans une dualité fructueuse. Face à l'émergence technologique et audiovisuelle, les supports écrits parviendront-ils à conserver leur apogée? Une question qui préoccupe les professionnels des médias tant sur le plan national qu'international. Aujourd'hui, l'imprimé se sent menacé, de plus en plus, dans sa pérennité. Il ne s'agit, par ailleurs, ni de crise publicitaire ni de mévente mais d'un nouveau phénomène qui ravage la scène médiatique mondiale, en l'occurrence la dématérialisation de l'information. Avec toutes ses mutations numériques, l'écrit aura-t-il le dernier mot ? C'est à partir de cette question que le débat a été ouvert, jeudi 1er avril 2010 à Casablanca, entre les patrons de la presse marocaine et leurs homologues européens. Organisé par le quotidien l'Economiste, ce débat rentre dans le cadre des activités de Wan-Ifra Afrique Expo qu'a abritée la capitale économique du Royaume les 1er et 2 avril. Cette rencontre fut une occasion pour mettre en relief la force de l'écrit dans le processus de la démocratisation de l'information ainsi que d'établir un focus sur les efforts consentis, dans ce sens, par le Maroc. «Le journalisme sera fatalement décliné par plusieurs supports virtuels», a noté Khalil Hachimi Idrissi, président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux. Partant de ce constat, la presse écrite est prédestinée à connaître, en perspective, d'importantes mutations. Et puisque l'écrit n'existe qu'à travers ses lecteurs, M. Hachimi Idrissi a mis en exergue la promotion et le développement du lectorat de la presse écrite nationale. Pour réussir cette équation et préserver la valeur absolue du papier, il est nécessaire d'accompagner les ressources humaines appropriées. «La presse marocaine s'inscrit dans une ouverture perceptible. Toutefois, nous manquons de professionnels aptes à produire des écrits de qualité et drainer un grand nombre de lecteurs», a déclaré M. Hachimi Idrissi. Pour faire face à cette menace conjoncturelle, le défi est de taille. «Les besoins sont énormes. Les perspectives à venir, quant à elles, sont en croissance constante. L'enjeu étant de se doter d'une stratégie importante pour pouvoir nous distinguer», ajoute Khalil Hachimi Idrissi. Dans la même optique, Abdelmounaim Dilami, président-directeur général du Groupe Eco-Médias, a invité le corps journalistique «à la maîtrise des techniques d'information, et ce pour répondre au besoin pressant du secteur». Animé par le même optimisme, M. Berrada, président-directeur général de Sapress a souligné, pour sa part, la nécessité de mettre en place un processus de délocalisation des imprimeries. Cette démarche aboutirait davantage à l'appui et à la vulgarisation des supports écrits. Par ailleurs, la dualité entre l'écrit et le multimédia s'avère fructueuse. «Cette conjugaison des deux supports doit se jouer intelligemment afin de rejaillir une presse entièrement rénovée et révolutionnée», a annoncé en cette occasion Jean Miot, président de l'Union de la presse française. M.Miot, qui a salué le remarquable développement de la presse marocaine, a formulé un message d'optimisme : «l'écrit est l'indispensable module de l'analyse du commentaire et de l'information». Ainsi, dans cette bataille de l'imprimé et du virtuel, l'écrit aura impérativement le dernier mot. La Confrérie des compagnons de Gutenberg au Maroc La création au Maroc d'une section de la Confrérie des compagnons de Gutenberg, qui réunit les professionnels de l'écrit et de l'édition, a été annoncée vendredi soir à Casablanca. Promouvoir l'écriture, l'édition et la culture en général, figurent parmi les objectifs assignés à cette association présidée par Mohamed Berrada, président-directeur général de Sapress. Lors d'une cérémonie organisée à cette occasion, le président de l'Union de la presse française (UFP) et de la Confrérie des compagnons de Gutenberg France, Jean Miot, a décerné à Khalid Naciri, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, le titre de Docteur «Honoris Causa» de la Confrérie des compagnons de Gutenberg.D'autres acteurs de la presse et de l'édition ont été également honorés à cette occasion. En l'occurrence Mohamed Berrada, président-directeur général de Sapress, Khalil Hachimi Idrissi, président de la FMEJ et Abdelmouniim Dilami, P-dg du Groupe Eco-Médias.