De coutume, Ikram, 17 ans, n'accompagne personne ni de son douar à Sidi Harazem ni du lycée où elle poursuit ses études. Une solitude qui l'a mise entre les griffes de deux voyous. Nous sommes à Sidi Harazem, une ville située à une trentaine de kilomètres de Fès, devenue très célèbre grâce à sa source d'eau minérale, réputée pour ses vertus curatives des maladies du foie et des reins. Dans l'un de ses douars demeure Ikram, une fille âgée de dix-sept ans, sans problèmes, qui poursuit ses études à la première année du Bac dans un lycée de la ville et qui jouit d'une bonne réputation. Cette fille très sérieuse n'a jamais raté une année durant tout son parcours estudiantin. Grâce à son travail avec zèle, elle ne récolte que de bons résultats. En fait, elle ne s'occupe que de ses cours et des tâches domestiques qu'elle effectue pour aider sa mère. C'est rare qu'on la remarque en compagnie d'une amie ou d'une camarade de classe. Elle préfère toujours marcher seule, sans compagnon. Même quand elle sort du lycée, elle se rend seule chez elle. Certes, ses amies de classe lui reprochent d'avoir choisi d'être toujours seule. Mais, il semble qu'il ne s'agit pas d'un choix. Elle s'est retrouvée ainsi sans savoir pourquoi. Même chez elle, elle n'adresse pas souvent la parole à ses parents et ses frères et sœurs. C'est du moins ce que raconte son père qui a contacté l'association «Touche pas à mes enfants» pour demander le soutien moral et juridique en faveur de sa fille, Ikram. Pourquoi ? C'était le premier jour du mois de mars. Dans l'après-midi Ikram, avait des cours au lycée jusqu'à 18h. Si la majorité des lycéennes et des lycéens conversaient encore devant la porte du lycée avant de retourner chez eux après la fin des cours, Ikram n'a rien attendu. Elle n'a adressé la parole à personne. Elle a juste lancé un petit sourire à la lycéenne qui partage avec elle le même siège à la classe avant de reprendre son chemin à destination de chez elle. Le chemin vers douar Sjinate où elle demeure est un peu long. Elle lui consacre plus d'une demi-heure pour y arriver. C'est pourquoi, elle ne devait pas faire le chemin seule, elle devait être accompagnée. Sécurité oblige. Malheureusement, elle préférait se renfermer dans son propre monde tout au long de son chemin sans se rendre compte qu'elle risque à chaque moment de confronter un danger. Une demi-heure de marche à pied plus tard, elle a remarqué un jeune homme qui suivait ses pas. Elle a commencé à marcher rapidement. En vain. Puisque le jeune homme l'a obligée de s'arrêter. À peine il a prononcé le premier mot son ami l'a rejoint. Que voulaient-ils d'elle ? «Nous accompagner», lui a répondu l'un d'eux qui était armé d'un couteau. Le couteau sur son cou, elle a commencé à les supplier. Pas de pitié. L'un d'eux l'a menacée de meurtre si elle s'abstenait de les accompagner. Il l'a déjà giflée. Elle a gardé le silence tout en les accompagnant sans savoir où elle serait conduite. Tout d'un coup, l'un d'eux a ouvert un local commercial et tous les deux l'ont poussée violemment vers l'intérieur avant de le refermer. «Si tu cries, on va te rendre corps sans âme», l'a-t-il menacée l'un des deux jeunes voyous. Ils l'ont obligée à se dévêtir avant que l'un d'eux ne passe à sa sodomisation. Avant que l'autre ne passe à l'action, ils ont entendu des coups sur la porte. C'était Azzedine, l'oncle d'Ikram, qui est venu pour la sauver. Il a été avisé par un curieux qui avait remarqué de loin Ikram entre les griffes des deux voyous. Le frère d'Ikram est arrivé également. La porte a été défoncée avant l'arrivée des gendarmes qui ont déjà été alertés. Les deux assaillants ont pris la poudre d'escampette après avoir donné un coup de pierre au frère d'Ikram. Seulement, les gendarmes sont arrivés à les épingler. Il s'agit de Karim, âgé de vingt-huit ans et de Khaled, son aîné de quatre ans. Tous deux ont été traduits devant la Cour d'appel de Fès.