Mohamed Darif affirme que ce qui détermine l'identité d'un pôle politique c'est le programme politique commun et non le réferentiel idéologique. ALM : Comment peut-on définir un pôle politique? Mohamed Darif : Tout d'abord, il ne faut pas faire de confusion entre le pôle, l'alliance, la fusion ou la simple coordination entre des partis. Théoriquement, lorsqu'on parle de pôle politique, on fait généralement allusion à une forme avancée d'alliance entre des partis politiques ayant une vision commune et des programmes communs. Quatre principaux critères permettent de qualifier un pôle en tant que tel. Le premier critère c'est l'existence de structures organisationnelles entre les composantes dudit pôle. Les partis formant le pôle peuvent ainsi se doter d'un conseil de présidence qui regroupe les états-majors du pôle. Le deuxième critère c'est que les partis du pôle doivent avoir une vision commune à propos d'un certain nombre de questions. En plus, les partis formant le pôle doivent se positionner, avant et après les élections dans le même camp, soit l'opposition, soit la majorité, pour ne pas vider l'alliance de sa substance. Les partis du pôle doivent également se présenter aux élections législatives avec des listes communes. Certains observateurs mettent l'accent sur le critère du référentiel idéologique. Qu'en dites-vous? A mon sens, le regroupement se référant au référentiel idéologique est devenu caduc. Il n'est plus concevable de parler de pôle de gauche ou de droite. Il s'agit d'une classification dépassée. Ce qui pourrait déterminer aujourd'hui l'identité du pôle c'est le programme politique commun. Le recours à l'idéologie se fait de plus en plus rare. Je cite ici l'exemple de la Koutla démocratique formée par une alliance entre l'USFP et le PI, deux partis à réferentiel totalement différent. On ne cesse de parler également aujourd'hui d'une probable alliance entre le PJD et l'USFP. Les observateurs qui parlent de la classification classique gauche-droite n'ont pas encore saisi les mutations qu'a connues la scène politique. A travers ces critères-là, peut-on parler aujourd'hui de pôles politiques? Je pense qu'il faut être réaliste. Certes, le débat est enclenché à propos de la nécessité de la rationalisation de la vie politique, mais je pense que le Maroc est encore loin d'atteindre le stade des pôles politiques. Nous sommes encore au stade de certaines coordinations entre des partis ou même certaines alliances mais qui n'atteignent pas le stade du pôle. Ceci est dû au fait de l'amalgame entre les concepts d'alliance, de coordination, de fusion ou de pôles. Il faut toujours commencer par le commencement. Les partis qui veulent former un pôle doivent commencer par la coordination, puis s'allier pour atteindre après le stade du pôle. Ce qui se dit actuellement à propos des pôles ne rentre que dans le cadre du tapage médiatique et c'est un discours pour la consommation politique ni plus, ni moins.