Le Maroc a demandé, dimanche 28 février, l'intervention des autorités algériennes pour mettre fin aux incursions des unités de pêche algériennes dans les eaux territoriales marocaines. Des chalutiers de pêche algériens ont pénétré ces dernières semaines, à titre individuel, dans les eaux territoriales méditerranéennes du Maroc avant de se retirer. C'est ce qu'indique un communiqué du ministère de l'Intérieur rendu public dimanche 28 février, cité par l'agence de presse MAP. Le communiqué du ministère précise que les autorités marocaines n'avaient pas jugé utile d'alerter les autorités algériennes s'agissant de cas isolés, faisant allusion à un groupe de six chalutiers ayant pénétré, le 21 février, dans les eaux territoriales marocaines afin d'y pêcher. Le communiqué du ministère rappelle, ainsi, que le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération avait alors saisi le département algérien des Affaires étrangères pour attirer son attention sur cette évolution. Depuis, le Maroc a constaté que de telles incursions se sont malheureusement accentuées, indique le communiqué. Selon le département de Taïeb Cherkaoui, «dans les seules journées des 26, 27 et 28 février, plus d'une vingtaine de chalutiers algériens ont, par petits groupes successifs, pénétré dans les eaux territoriales marocaines pour y exercer une activité illégale de pêche». Le Maroc demande ainsi aux autorités algériennes d'intervenir en prenant les mesures adéquates pour mettre fin à de tels agissements opérés par les chalutiers algériens. Contacté par ALM, Mohamed Taleb, membre du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS), affirme que l'incursion des chalutiers algériens est un acte provocateur de la part de l'Algérie. «L'incursion des unités de pêche dans les eaux territoriales marocaines montre la conduite contradictoire des dirigeants algériens. D'une part, ils provoquent le Maroc à travers l'incursion des chalutiers de pêche et d'autre part ils veulent que les frontières terrestres restent fermées. Il s'agit d'un comportement hostile et inacceptable de la part des dirigeants du voisin de l'Est», explique M. Taleb. «Certes, nous n'avons point de problème avec nos frères pêcheurs algériens, ce que nous pointons du doigt c'est la politique provocatrice algérienne. Tout le monde a constaté récemment la campagne de dénigrement menée par Alger contre l'accord de pêche conclu entre le Maroc et l'UE. L'Algérie ambitionne de nuire aux intérêts du Maroc», poursuit M. Taleb. Même son de cloche auprès de Mohamed Réda Taoujni. Le président de l'Association le Sahara Marocain (ASM) affirme qu'il s'agit d'une provocation infantile de la part de l'Algérie. «L'Algérie active tous ses moyens pour faire capoter l'accord de pêche conclu entre le Maroc et l'UE, notamment à travers l'incursion de ses chalutiers, voire même par des provocations militaires. Les dirigeants algériens sont perdus. Ils ne savent plus à quel saint se vouer au moment où le Maroc avance à pas sûrs dans le processus de développement du pays, soutenu par les grandes nations», dénonce M. Taoujni. Pour le professeur de droit public, Tajeddine Houssaini, «il s'agit d'un acte isolé et non d'un acte de provocation». «Le Maroc accorde le droit de pêcher dans ses eaux territoriales aux chalutiers des pays qui ont signé des conventions avec lui. Et les chalutiers algériens n'ont pas ce droit parce que le Maroc et l'Algérie ne sont pas liés par une convention dans ce sens», a-t-il conclu.