Le Salon international de l'édition et du livre de Casablanca, connu par les professionnels et autres spécialistes sous l'acronyme SIEL, est l'un des temps forts de célébration du livre, chose qu'on ne fait que parcimonieusement au Maroc. Cette manifestation, née en 1987, a acquis, alors qu'elle en est à sa 16ème édition, une vraie maturité. Si elle pèche par une certaine anémie de notoriété, ce n'est pas par manque de savoir faire mais plutôt par manque de faire-savoir. Autrement, ce rendez-vous est non seulement désormais de dimension internationale puisque près d'une quarantaine de pays y participent. Il est aussi attendu par les professionnels (578 exposants lors de la dernière édition) qui y trouvent une vitrine pour leurs productions. Il en est devenu ainsi, et pour le livre, le second événement culturel du monde arabe après celui du Caire. Il se particularise toutefois par la possibilité d'offrir une double dimension d'expression en langue française et arabe. A y ajouter qu'à chaque fois, il met en exergue un pays comme invité d'honneur. C'était le cas successivement de la France et du Sénégal lors des dernières éditions. L'invité d'honneur de l'édition 2010 est une audace. On n'invite pas un pays. On invite un concept : la migration. Avec un hommage particulier aux Marocains du monde. Inédite comme démarche, le Salon offrira à ses visiteurs une immense agora où le livre et le récit de l'immigritude seront «rapatriés». Et pas seulement. Les initiateurs ont fait place à tout ce qui est création et excellence. Pas moins de 170 auteurs, intellectuels, artistes venant de 20 pays différents (Europe, Amériques en passant par le Japon…) seront au rendez-vous. Les pionniers, ceux qui ont récité le verbe de l'exil, seront bien sûr là. Mais aussi les nouvelles générations qui, avec la nouvelle écriture, contribuent au bouillonnement de la scène culturelle dans les pays de résidence. Ces derniers sont souvent le quitus de profondes mutations que connaît l'immigration dans l'irréversibilité de son installation durable. L'écriture au féminin sera aussi convoquée ainsi que les arts plastiques, le cinéma, la production scientifique et même la gastronomie. Demandez le programme ! Cette initiative, on la doit d'abord à un puissant esprit de partenariat, conforté par une évidente complicité entre Driss El Yazami et les ministres Mohamed Ameur et Bensalem Himmich. Cet esprit, fécond, s'est avéré contagieux. Trois maisons d'édition (autre première) publient et signent ensemble, pour l'occasion, une quinzaine d'ouvrages qui seront sur les étals. Ah. Pour que je n'oublie pas, le Salon se tiendra du 12 au 21 février 2010.