Après l'Espagne, c'est au tour du Maghreb d'être l'invité d'honneur du 12ème Salon international de l'édition et du livre de Casablanca (SIEL). Pour le ministre Achaâri, il était temps de faire le point sur les cinquante ans de pensée maghrébine. «Le Maghreb, 50 ans après », tel est le thème du 12ème Salon international de l'édition et du livre (SIEL), prévu du 10 au 19 février 2006 à la Foire de Casablanca. Un thème qui consacre le choix du pays-hôte, le Maroc, mais qui vient traduire aussi une aspiration populaire maghrébine de plus en plus forte : la construction du Maghreb arabe uni. Contacté par « ALM », le ministre de la Culture, Mohamed Achaâri, a souligné l'importance de la culture dans la concrétisation de cette entité. « La culture est peut-être le meilleur moyen de convaincre », nous a-t-il dit. Et d'annoncer, à cet effet, l'organisation de plusieurs manifestations autour du Maghreb, portant sur le volet non seulement culturel mais aussi social, politique… Pour le ministre Achaâri, il s'agit de faire le point sur la pensée, la création, sans oublier les grandes questions politiques et sociales qui se posent actuellement aux pays du Maghreb. Seulement voilà, le bilan est on ne peut plus maigre. Sur le plan politique, une construction maghrébine encore et toujours hypothéquée par le différend sur le Sahara marocain. Côté culture, l'échange est presqu'inexistant. La raison, tout le monde la connaît. « Il faut qu'il y ait une volonté politique pour qu'on puisse avancer », martèle Abdelkader Retnani, patron de la maison d'édition Eddif. « 50 ans après l'Indépendance, notre balance n'a pas évolué alors qu'il y a beaucoup à faire », fait-il remarquer. Quoi qu'il en soit, le 12ème SIEL, qui rend hommage au Maghreb, veut franchir le pas. Il a du moins le mérite de favoriser la rencontre des professionnels maghrébins de l'édition et du livre. Peut-être que cette initiative offrira à ces derniers la possibilité de futures collaborations… Au-delà du Maghreb, plus de cinquante pays issus des quatre coins du monde seront représentés au 12ème SIEL. Le nombre des exposants s'élèverait cette année à 557, un chiffre d'autant plus éloquent qu'il confirme la tendance à la hausse des pays participant et, d'un autre côté, cet intérêt grandissant que revêt le SIEL devenu annuel depuis un an. S'agissant de la participation nationale, elle promet d'être aussi forte que porteuse de nouveautés. Cette année, le ministère de la Culture a proposé de réunir les éditeurs nationaux dans un seul endroit. «Libre à chaque éditeur de choisir la superficie qu'il souhaite », se félicite l'éditeur « Eddif ». Cette initiative est autrement positive, quand on sait que les éditeurs nationaux ont toujours eu de la peine à se rassembler, ce qui leur a jusque-là posé un sérieux problème de visibilité. Autre nouveauté à souligner, les organisateurs programment des signatures conjointes pour une bonne douzaine d'éditeurs marocains. Les éditeurs de ces auteurs seront également au rendez-vous, lors de ces rencontres-signatures annoncées pour les samedis 11 et 18 février prochain. Selon les observateurs, cette décision inédite permettra au livre national d'être plus valorisé et aux éditeurs de pouvoir faire face à la concurrence parfois déloyale de quelques collègues arabes, notamment certains éditeurs des pays du Golfe qui ont trop souvent « brillé » par la pratique des soldes et la promotion d'une littérature obscurantiste genre « Les Femmes maudites » et autres hérésies d'une époque révolue. Mais voilà, il faut reconnaître que cette manie a baissé depuis l'intervention des organisateurs pour lutter contre ce qui relèverait de la « criée publique».