Mohammed M'fadel dresse le bilan de «Mohammedi'Art» et les perspectives de cette initiative. ALM : Quel bilan faites-vous de la première édition de Mohammedi'Art? Mohammed M'fadel : Cette première édition de «Mohammedi'Art» est effectivement une «première » à bien des égards. Pour la première fois, une grande avenue d'une ville au Maroc s'est transformée en «zone piétonne» étant interdite à la circulation automobile toute une journée. Une action forte en matière de sensibilisation à la protection de l'environnement. Pour la première fois à Mohammedia, nous avons mis en pratique une nouvelle forme de gouvernance locale, alliant élus, autorité locale , acteurs culturels et artistes pour une opération de grande envergure : nous avons créé un «comité culturel» unissant tous ces acteurs de la ville -à part entière de responsabilités- en veillant à la parité hommes-femmes, et mêlant membres de la société civile marocains et français. Pour la première fois la culture, les arts, l'animation de rue …ont pris possession de l'espace public et se sont offerts à la population, de façon simple, peu onéreuse, je dirais même spontanée. Le bilan est -très sincèrement- largement positif , la population de Mohammedia, mais aussi celle venue de Casablanca et Rabat a vraiment apprécié et est demandeuse de prochaines éditions. C'est un pari qui s'est transformé en réussite, grâce à la mobilisation et la cohésion des intervenants, qui y ont cru dès le début. Dans quelle mesure cette expérience sera-t-elle élargie? D'abord, chaque dernier dimanche de chaque mois verra l'opération «Mohammedi'Art» se renouveler, d'ores et déjà le prochain rendez-vous est fixé au dimanche 28 février. Ensuite, nous souhaitons élargir cette initiative à d'autres espaces de la ville, ne pas rester uniquement au centre-ville, mais aller dans les quartiers, par exemple nous ciblons prioritairement le quartier «El Alia». Ensuite j'ai demandé au «comité culturel», piloté par un acteur associatif et culturel qui possède une réelle expérience -en France et au Maroc- Ahmed Ghayet , de veiller à associer étroitement écologie, culture et proximité ; ainsi lors de l'édition de février, nous prévoyons un atelier « recyclage de papier » et le lancement du Parc des Villes Jumelées en « zone wi-fi » grâce à Méditel. Enfin, nous réfléchissons à la faisabilité de transformer durablement cette avenue en espace piéton, peut-être - mais ce n'est qu'une piste de réflexion - par la réalisation d'un parking souterrain. Quels sont les autres projets pour les acteurs culturels et sociaux ? Les jeunes, les artistes à Mohammedia sont très demandeurs de lieux et d'espaces où répéter, s'épanouir, s'initier, aider à l'émergence de jeunes talents… C'est l'un des buts de l'association «Mohammedia Alwan» qu'ils ont créée et c'est l'un des objectifs que j'ai proposés au «comité culturel» dans la lettre de mission que je lui ai remise. Le gouverneur Aziz Dades, par son implication, plus la volonté de la municipalité que je préside, plus l'apport d'expériences telles celles du «Boul'vard», du «Dabathéatr Citoyen», de l'école de cirque «Kolocolo» qui sont en train de former des acteurs artistiques locaux, à Mohammedia, vont nous permettre de dynamiser les lieux culturels de la ville, de mieux les «investir», de libérer les énergies et de redonner du souffle à la vie artistique de notre cité. Pour terminer, je dirai que « Mohammedi'Art » n'est pas une opération ponctuelle, mais une sorte de locomotive, de tremplin qui doit faire vivre la culture tout au long de l'année !