Avec un volume global d'échanges commerciaux qui ne dépasse guère 0,6% des échanges extérieurs, le Maghreb est loin d'être préparé aux grands enjeux de la libéralisation auxquels il est confronté. Une étude de la DPEG préconise des approches nouvelles. Démantèlement tarifaire, élargissement de l'Union Européenne à l'Est, libéralisation du secteur textile à l'échelle mondiale, forte vulnérabilité aux chocs de demande externe, des échéances charnières auxquelles les économies maghrébines devraient faire face alors que rien ne lui y prépare. Rêve pour les uns, chimère pour d'autres, l'Union du Maghreb arabe n'est pas seulement d'ordre politique mais aussi, et surtout, économique. Si arriver à tisser des liens économiques solides est salvateur pour la région, le coût du non-Maghreb peut s'avérer insoutenable pour ses économies. Une double contrainte à l'analyse de laquelle la Direction de la politique économique générale (DPEG) dans une étude parue récemment. Il en ressort que, de par son rôle de moteur de croissance et d'intensification ses échanges commerciaux entre pays de la région, l'intégration maghrébine pourrait constituer un facteur d'appui pour une insertion plus efficiente de la région dans l'économie mondiale. Un constat de base pénalisé par l'état actuel de la coopération entre les pays du Maghreb. Le commerce global intra-maghrébin se limitait en 2000 à 0,6% des échanges extérieurs de la zone. Par comparaison, le commerce intra-zone représentait 60,2% des échanges de l'U.E, 22,3% de l'ASEAN, 10,6 des PECO et 19,9 des pays du MERCOSUR. À cela, il faut ajouter le fait que les échanges commerciaux entre les pays maghrébins sont essentiellement unilatéraux. Cette situation laisse penser que les économies maghrébines pourraient multiplier leurs échanges directs qui sont, en partie, complémentaires. En particulier, l'Algérie représente un marché pour l'agriculture et les filières agro-alimentaire et manufacturière du Maroc et de la Tunisie. Le potentiel des échanges entre les pays du Maghreb semble également être freiné par le niveau insuffisant de développement de la zone et par le caractère similaire de certains pays maghrébins, en l'occurrence le Maroc et la Tunisie. Cette situation est le résultat de l'orientation privilégiée des échanges du Maroc et de la Tunisie vers l'Union européenne qui a généré une similitude des structures productives dans ces deux pays. À la faible adéquation des structures exportatrices à la demande intra-régionale et de la priorité accordée au Nord, s'ajoutent le manque de convergence des politiques économiques, de l'inadéquation des infrastructures de transport aux impératifs de l'intégration et du caractère incomplet du cadre institutionnel. La progression soutenue des échanges des pays du Maghreb indique qu'un potentiel de son développement existe. Le gain en échanges pourrait sans peine s'élever à 800 millions de dollars par an et à 1,6 milliard de dollars si on prend en compte les importations de produits énergétiques en provenance de l'Algérie. Le potentiel d'augmentation des flux en matière d'investissements étrangers pourrait monter à 4,6 milliards de dollars. De plus, l'approfondissement de la région du Maghreb favoriserait l'apparition de nouvelles formes de spécialisation intra-maghrébines à même de générer une allocation optimale des facteurs de production et de tirer pleinement profit des bienfaits de la mondialisation. Mais avant d'en arriver là, certaines conditions sont à satisfaire. À commencer par le parachèvement de l'assainissement macroéconomique et la mise en place d'un cadre institutionnel favorable au développement des affaires. Favoriser le développement des infrastructures est aussi une condition sine qua non à la réalisation de ces objectifs. C'est tous les freins précédemment cités qui devraient êtres enlevés pour qu'un jour, l'Union du Maghreb Arabe ne soit pas que des paroles sans teneur, encore moins un effet concret sur ses économies et ses populations.