La LDDF a tenu, mercredi dernier, un sit-in devant le ministère de la Justice suite aux nombreux cas de violence à l'égard des femmes observés ces derniers mois. L'association appelle à la promulgation d'une loi-cadre. ALM : Pourquoi avez-vous organisé un sit-in devant le ministère de la Justice ? Fouzia Assouli : Nous avons tenu, mercredi dernier, un sit-in devant le ministère de la Justice pour protester contre l'indifférence du gouvernement en matière de violence à l'égard des femmes qui prend des proportions alarmantes. Ces derniers mois, la violence à l'égard des femmes a atteint un degré insupportable. Nous avons observé de nombreux cas de violence : des femmes brûlées, maltraitées (coups et blessures) ,violées, harcelées sexuellement. Le summum est le meurtre à Agadir de l'étudiante Sana Haddi par son professeur encadrant. L'université est censée être un lieu de savoir et non de crime. Lors de ce sit-in qui a rassemblé de nombreuses victimes et leurs familles ainsi que des acteurs de la société civile en l'occurrence le réseau « Femmes solidaires», nous avons présenté un dossier au ministère de la Justice. Si ce dernier ne répond à nos revendications, nous sommes prêts à utiliser tous les moyens qu'il faudra pour faire entendre notre voix. Que revendiquez-vous ? Nous appelons le gouvernement à assumer ses responsabilités et à honorer ses promesses. Ces cas de violence n'ont suscité aucune réaction du gouvernement et aucune question de la part des parlementaires au sujet de l'application de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Il n'y a pas une volonté politique pour combattre ce phénomène. Il y a même un recul dans ce dossier. Nous réitérons notre revendication concernant la promulgation d'une loi-cadre de lutte contre la violence à l'égard des femmes. Nous avons présenté cette loi au gouvernement à deux reprises, en 2006 puis en 2007, dans le cadre du projet de la citoyenneté responsable. Nous avons par la suite présenté un mémorandum au Premier ministre, au ministre de la Justice et au ministère du Développement social, de la Famille et de la Solidarité. Nous n'avons à ce jour reçu aucune réponse de leur part. Il faut que des mécanismes et en l'occurrence une loi spécifique pour la protection des femmes soit mise en place rapidement pour lutter contre ce phénomène. Quelle est l'importance de cette loi-cadre ? L'importance de cette loi apparaît à la lumière de toutes les études menées par les associations au sujet des caractéristiques socio-économiques des femmes victimes de violence qui viennent dans les Centres d'écoute. Ces études ont révélé le degré de précarité que vivent la majorité des femmes violentées : mères au foyer, femmes analphabètes ne disposant d'aucune formation professionnelle ou protection sociale. Cette loi constitue le cadre qui permettra l'application de la stratégie nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes qui n'a pas été mise en œuvre depuis 2002 et ce en instituant les mécanismes à même de de poursuivre l'application des réformes législatives, éducatives et économiques en vue d'assurer la protection et la prévention contre la violence.