Alia Abdelghani Al-Dalli affirme qu'il est temps de revoir la structure de l'Indice du développement humain (IDH) car il ne reflète pas la réalité du développement humain au Maroc. ALM : Vous avez eu, jeudi 8 octobre, des rencontres avec des responsables marocains suite au lancement du nouveau rapport du PNUD. Qu'est-ce qui en ressort ? Alia Abdelghani Al-Dalli : Nous avons eu deux réunions, jeudi 8 octobre. Le matin, c'était la première réunion avec le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami en présence de certains organes de la presse. L'après-midi, c'était la présentation du rapport de la part de l'Organisation elle-même, en présence du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération. En plus de ces deux réunions, nous avons accueilli une experte du siège du PNUD, qui est la présidente de la Section des statistiques du bureau du développement humain. Lors de ces deux réunions, l'orientation du gouvernement marocain était très positive ce qui est le cas aussi pour nous. Les responsables marocains estiment que la coopération entre le Programme de développement et le gouvernement marocain est une coopération très importante pour le développement du Maroc ainsi que pour les relations entre l'Organisation et le gouvernement. Nous sommes ainsi sortis avec une orientation positive sur le rapport. Vous avez évoqué récemment le concept de concertation régionale. En quoi consiste cette approche ? La concertation régionale aura lieu dans plusieurs régions du monde. C'était en réalité une proposition marocaine il y a un an de la part de M. Lahlimi. L'idée de M. Lahlimi consistait en la révision du concept de l'Indice du développement humain (IDH). Le Maroc estime que cet indice ne remplit plus sa fonction d'évaluation. En fait, l'Organisation des Nations unies pour le développement confirme ce constat. L'Indice du développement humain ne reflète pas la réalité du développement au Maroc et dans d'autres pays. L'Indice du développement humain est un indice composé de trois critères. Le premier critère c'est l'espérance de vie, le deuxième c'est l'éducation et l'alphabétisation et le troisième critère c'est le revenu individuel. Cet indice a été élaboré il y a vingt ans, il est l'heure pour sa révision. Le ministre Lahlimi avait insisté sur le fait que le Maroc voulait abriter ces concertations régionales. Le PNUD a accueilli favorablement cette demande. On aura dans les prochains jours une rencontre avec le ministre pour fixer la date et le lieu des réunions et pour déterminer également les Etats qui vont y participer. Justement, beaucoup de critiques ont été émises à propos de l'inadaptation de l'IDH. Quels sont à votre avis les autres critères qui doivent être joints à cet indice pour mieux refléter le développement ? Je crois que la participation de la société civile est très importante comme critère. Il y a aussi l'accès à l'information, notamment le téléphone, l'Internet, la technologie. Cela est très important. Il y a également les libertés, l'accès au savoir. Mais ces critères dépendent toujours de l'enseignement. Celui qui n'est pas instruit, n'aura pas un accès facile à la technologie. Tous ces critères peuvent être ajoutés à l'indice, mais ils ne peuvent en aucun cas remplacer les critères déjà existants. Ces nouveaux critères peuvent également aider à faire la différence entre les Etats. Par exemple ici au Maroc, lorsqu'un rapport international est établi, les composantes de la société civile établissent un rapport parallèle. Dans d'autres pays, la société civile ne peut pas faire cela. Ce qui veut dire qu'au Maroc, il y a des libertés qu'on ne peut pas détecter à travers l'indice actuellement en vigueur. Quelle est votre stratégie pour contribuer au développement au Maroc ? Notre mandat mondial consiste en la réalisation des objectifs du millénaire. En effet, Il y a huit objectifs, mais nous ne travaillons pas directement sur l'ensemble des objectifs. Nous travaillons sur la gouvernance, l'environnement et la réduction de la pauvreté. Ces trois piliers constituent les bases de travail de tous nos bureaux à travers le monde. Au Maroc, nous travaillons sur ces trois domaines. Mais cela, bien évidemment, dépend de la politique de l'Etat dans lequel nous opérons. Par exemple, au Maroc, il y a la politique de la décentralisation. C'est ainsi que nous travaillons, nous aussi, suivant cette politique. Concernant la réduction de la pauvreté, nous avons un programme avec le département du Développement social afin de soutenir le cadre stratégique de cet objectif. Ceci prend en considération le travail de l'Initiative nationale pour le développement humain. Nous travaillons également avec le Conseil consultatif des droits de l'Homme. Nous travaillons aussi avec le ministère de l'Intérieur, notamment en ce qui concerne les collectivités locales et la mise en œuvre le plan communal de développement. Pouvez-vous nous expliquer davantage votre programme en matière de réduction de la pauvreté ? La réduction de la pauvreté est le moteur principal de notre travail. Il faut aider les hommes et les femmes pour qu'ils puissent, par la suite, aider eux-mêmes. Comment permettre à une personne de trouver un emploi, il faut qu'elle soit tout d'abord qualifiée. Ainsi, nous travaillons avec les institutions en ce qui concerne les politiques et nous travaillons sur le terrain à travers les programmes. Pour ce qui est des politiques, nous avons publié plusieurs éditions sur ce sujet. Il y a par exemple un programme intitulé «Art gold» sur le développement local. Nous travaillons ainsi parallèlement sur le terrain et avec les ministères concernés. Quelle est votre lecture du rapport du PNUD de l'année 2009 de façon générale ? Le rapport de cette année a traité de la question de la migration de façon positive alors qu'elle est traitée souvent de façon négative que ce soit du point de vue du pays d'émission que du pays de la réception. Le premier y voit une fuite des cerveaux. Le deuxième estime, pour sa part, que les immigrants viennent rafler des emplois dont ses citoyens ont besoin. Le côté positif de la migration tel qu'il a été mis en exergue par le rapport c'est que le pays de réception bénéficie des compétences qu'il n'a pas. Le deuxième point c'est que même les immigrants de compétences minimes remplissent des fonctions que les citoyens ne veulent pas remplir. L'Etat d'émission bénéficie de sa part des transferts de devises. C'est le cas par exemple du Maroc. L'émigration donne lieu également à l'innovation, au mélange et à d'autres points positifs.