Les MRE, qui tiennent leur salon du 5 au 10 août à Casablanca, représentent une force de frappe économique majeure, dans la mesure où leurs transferts permettent de sauver bien des situations délicates. Il s'agit de ne pas voir en ces Marocains à part entière que des porte-monnaies. Mais bien de leur faciliter la tâche. Le troisième Salon national des Marocains résidant à l'étranger (SNMRE) s'ouvrira ce mardi 5 août et se poursuivra jusqu'au 10 du mois. Organisé par la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l'étranger (MRE), sous le Haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, ce Salon se veut un lieu de rencontre entre les MRE et les différents intervenants opérant à leur intention, une plate-forme d'informations, d'orientations et de contacts avec les professionnels mais également un rendez-vous culturel mêlant traditions et investissements. Outre l'espace «Guichet unique» assuré par l'essentiel des administrations chargées des affaires des MRE, le SNMRE propose un espace d'exposition aux opérateurs économiques marocains désireux d'aller au contact direct des MRE et verra la participation d'un grand nombre d'investisseurs MRE installés dans le Royaume ainsi que de plusieurs associations et représentants de la communauté marocaine installée à l'étranger. Il s'agit de rappeler qu'en 2002, la communauté marocaine établie à l'étranger a transféré plus de 36 milliards de dirhams en devises vers le Maroc, qui est considéré comme l'un des premiers pays à recevoir les plus forts apports financiers de sa communauté expatriée. Selon la Banque mondiale, les fonds des MRE qui représentent la deuxième source de revenus extérieurs, exercent ainsi d'emblée un «rôle stabilisateur» en cas de conjoncture économique défavorable. A titre de simple comparaison, le tourisme a engendré, à la même date, des recettes de l'ordre de 28 milliards de dirhams… La manne des transferts représente également plus de 16% des recettes du compte courant des transactions de la balance des paiements. Ils participent ainsi, à la réduction du déficit externe du pays, et, partant, à l'alimentation des avoirs extérieurs en devises. De plus, ces transferts sont beaucoup plus stables que les capitaux privés augmentant en cela dans les périodes de marasme économique, au moment où, à l'inverse, les capitaux spéculatifs s'échappent. Au niveau bancaire, les chiffres avancés par le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) sont très éloquents. A fin décembre, les comptes-chèques MRE s'élevaient à 33,9 milliards de dirhams (35% du total compte-chèque), les dépôts à terme à 35,3 milliards de dirhams (42% du total) et les comptes sur carnet à près de 2 milliards de dirhams (5% du total). D'autre part, et alors qu'ils se sont élevés à 2,8 MDH (millions de dirhams) à fin janvier 2003, les transferts des MRE ont ainsi enregistré une augmentation de 9,5% par rapport à la même période de 2002 et de 55% en comparaison avec la moyenne des recettes réalisées à fin janvier entre 1998 et 2002. L'évolution ascendante de ces transferts s'est toutefois corrélée à une diminution de l'ordre de 46,2% des investissements et prêts privés, soit à peine un montant de 240 MDH à fin janvier 2003. La Banque mondiale estime dans son rapport sur «Le financement du développement en 2003», que ces transferts devraient continuer de progresser sensiblement dans un futur proche. Et de préciser «que ce n'est pas tant leur montant qui aura un effet durable sur le développement (du Maroc NDLR), que leur utilisation efficace». Il faut reconnaître que les opportunités d'investissement offertes aux MRE ne sont pas légion. L'immobilier est l'investissement privilégié des MRE. Il est suivi de l'agriculture, du commerce, de l'industrie et enfin du tourisme. Un tourisme qui n'a visiblement pas encore trouvé la bonne formule pour les attirer, que ce soit à titre de clients ou à titre d'investisseurs. A souligner également qu'au 31 décembre 2002, les étrangers et les Marocains résidant à l'étranger (MRE) détenaient 23,9 % de la capitalisation boursière, soit l'équivalent de 20,9 milliards DH. Un chiffre du Conseil déontologique des valeurs mobilières (CDVM). La même source souligne également que le nombre des étrangers et des MRE détenant des actions cotées à la Bourse de Casablanca n'excède pas 1200 personnes. Bien que représentant la majorité avec près des deux-tiers de ce total, le nombre des MRE est dérisoire (739 personnes). De même que la part qu'ils détiennent est insignifiante puisqu'elle n'excède pas 0,08 % de la capitalisation boursière. Cette faible part des investissements en actions cotées des MRE s'explique, selon la même source, par le fait que les teneurs de comptes doivent recenser uniquement les opérations financées par apport de devises, par débit d'un compte étranger en dirham convertible, d'un compte en devises ou par tout autre mode de financement assimilé à l'apport de devises. D'après les données du CDVM, la majorité des MRE finance l'acquisition des actions en dirhams. Cela étant dit, il serait utile de préciser, si besoin est, que les MRE sont d'abord, et avant tout, des Marocains à part entière, qui ont droit à tous les égards lorsqu'ils rentrent dans leur pays. Et, pour ceux d'entre eux, qui seraient tentés d'investir, il s'agit de lutter contre toutes les formes de tracasseries administratives qui en ont dégoûté plus d'un. A l'instar des générations, les mentalités doivent changer.