Les résultats de l'enquête sur l'évaluation du système national de recherche en sciences humaines et sociales viennent d'être rendus publics. Plus de 55% des enseignants- chercheurs n'ont jamais publié une ligne durant toute leur carrière universitaire. 70% se sont déclarés insatisfaits. Au Maroc, 60% des enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales déclarent qu'il n'existe pas de communauté scientifique. Pire, plus de 55% ont reconnu n'avoir jamais publié une ligne durant toute leur carrière universitaire. C'est que dévoile une enquête du ministère de l'éducation nationale sur «L'évaluation du système national de la recherche dans le domaine des sciences humaines et sociales» dont les résultats ont été présentés mardi 09 juin à Rabat. L'étude en question, qui a débuté en 2006 et achevée en avril 2009, a ciblé 1.400 enseignants-chercheurs en sciences humaines et sociales sur un total de près de 3.600. Cette enquête a pris en compte 57.000 références dont 30.000 articles, 13.000 livres et 14.000 documents. «La liste exhaustive des universitaires qui n'ont jamais publié un seul document montre à l'évidence que la stérilité intellectuelle ne touche pas les seuls jeunes universités et universitaires, qu'elle est endémique dans les facultés les plus anciennes et chez les enseignants les plus âgés», souligne Pr Mohamed Cherkaoui, directeur de recherche au CNRS en France. Cette enquête est inédite dans la mesure où elle compare la production des enseignants-chercheurs et celle des non enseignants. Ainsi, les taux de croissance des productivités nettes de documents et d'ouvrages sont plus élevés pour la première catégorie que la seconde. Ils sont pratiquement deux fois plus élevés. Une situation qui s'explique par le fait que les enseignants-chercheurs sont plus sollicités pour rédiger des chapitres d'ouvrages collectifs ou sont amenés à rédiger des ouvrages résumant les cours dispensés au sein des universités. A noter que la productivité nette d'articles varie selon la langue de publication. Elle est négative pour l'arabe et positive pour le français et les autres langues. Si l'on examine la répartition des enseignants selon les institutions de rattachement, l'étude indique que les facultés de lettres viennent largement en tête avec 56% suivies des Facultés de droit (30%). Les 14% restants se trouvent dans les autres établissements non facultaires. Ce résultat s'explique aisément par l'offre. «Les Facultés de lettres ont été d'abord créées danscertaines universités ou centres pour répondre à un besoin d'enseignants du secondaire. La demande suit plutôt qu'elle ne précède l'offre», explique Pr Cherkaoui. Par ailleurs, l'enquête précise que moins de 25% des enseignants-chercheurs ont bénéficié d'une bourse. Plus de 55% avaient exercé une activité professionnelle pendant la préparation de leur thèse. Un peu plus de 15% ont dû solliciter leur famille pour terminer leur cycle doctoral. «Ce sont surtout les professeurs de l'Université Al Akhawayne suivis de ceux qui exercent dans les instituts ou grandes écoles qui ont largement profité de la générosité publique», note le directeur de recherche au CNRS en France. S'agissant du niveau de satisfaction du corps enseignant, 70% ne le sont pas. Les littéraires sont beaucoup moins satisfaits que les juristes et les économistes. Près de 70% pour les premiers contre 63% pour les seconds. S' ils pouvaient quitter l'enseignement, 71% des juristes et des économistes pencheraient pour une profession libérale ou la fonction de cadre supérieur contre 50% des littéraires.