Le Hezbollah, désavoué par les urnes, a averti le futur gouvernement qu'il ne compte pas remettre ses armes à l'armée libanaise. Le Hezbollah a perdu les élections législatives. Les Libanais ont choisi d'accorder leur confiance à la coalition démocrate et moderniste dirigée par Saad Hariri, fils et héritier politique de Rafik Hariri assassiné le 14 février 2005 à Beyrouth. La coalition dite du «14 mars», en référence à la date de la marche qui a réuni le 14 mars 2005 à Beyrouth plus de 1,3 million de personnes exigeant le retrait de l'armée syrienne du Liban, a obtenu 71 sièges sur les 128 que compte le Parlement libanais. Une majorité absolue qui devrait permettre, en principe, aux partis composant cette coalition de constituer librement le futur gouvernement sans passer par les tractations avec le Hezbollah et ses alliés. Soutenus par la Syrie et l'Iran, ces derniers n'ont obtenu que 51 sièges. Ce qui constitue un revers historique pour la mouvance dirigée par Hassan Nasrallah. Cette défaite est très significative tant au Liban que sur le plan international. Au Liban, elle signifie que les Libanais ne veulent plus vivre dans la terreur, la violence, la guerre, l'instabilité. Par leur vote, ils ont transmis un message clair à l'adresse du Hezbollah en lui disant qu'ils veulent, désormais, construire le pays et qu'ils ne supporteraient plus de le voir tomber en ruines. L'expérience qu'ils ont vécue en 2006, lorsqu'ils ont assisté, impuissants, à la destruction de toutes les infrastructures que feu Rafik Hariri avait mis des années à construire, leur a appris qu'ils ne doivent plus hypothéquer leur avenir en le laissant entre les mains du Hezbollah. Un mouvement politique qui a fondé sa raison d'être sur la résistance à l'occupation israélienne. Son existence est donc liée à celle de cette occupation. Ce qui signifie qu'il fera tout pour que la menace persiste toujours. Les Libanais ont voté pour la coalition menée par Hariri, parce qu'ils ne veulent plus avoir affaire à un parti politique armé. Le Hezbollah, financé par l'Iran et armé par la Syrie, constitue un Etat dans l'Etat. Ses hommes font la loi au Sud du Liban et continuent à refuser de se soumettre à l'autorité du gouvernement où à intégrer l'armée libanaise. D'ailleurs, dès l'annonce des résultats, la première réaction du Hezbollah a été celle de «prévenir» la majorité élue par le peuple libanais que les armes du Hezbollah sont «une affaire non négociable». Le mouvement de Hassan Nasrallah montre ainsi qu'il ne compte pas se soumettre au verdict des urnes. Il continuera donc à s'imposer aux Libanais grâce à son arsenal. Que peuvent les lois de la démocratie face aux armes de la tyrannie ?