La droite espagnole s'est payée à l'œil une tranche de nationalisme gratuit avec une sanglante griffe à Zapatero : même si Nicolas Sarkozy a raison sur le fond , nous devons être solidaires avec notre Premier ministre attaqué depuis l'étranger. Pour un président français comme Nicolas Sarkozy pour qui la moindre visite à l'étranger est une occasion d'exhibition affective et d'assauts tactiles souvent incontrôlables envers ses hôtes, celle qu'il effectue en ce moment en Espagne est sous haute surveillance. Raison de cet intérêt majeur pour les objectifs de caméras et d'échotiers, voir comment Nicolas Sarkozy va gérer la grande polémique qu'il avait déclenchée quelques jours plus tôt en exprimant quelques doutes sur l'intelligence du Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero. L'affaire avait fait couler beaucoup d'encre et fait monter la tension entre Paris et Madrid dont la relation apaisée était jusqu'à présent un modèle de bonne intelligence. Que la charge de Nicolas Sarkozy contre Zapatero intervienne quelques jours seulement avant une visite officielle du chef de l'Etat français, avait nourri le feu de la polémique et excité les appétits de la controverse. L'affaire Zapatero fut exploitée politiquement par les deux oppositions domestiques. D'abord à Paris où, relancée par les excuses fort contestées de Ségolène Royal à Zapatero, elle a ouvert un grand débat sur le style présidentiel catalogué de coloré, éruptif, sanguin, «jeune», comme dirait Bernard Kouchner, bref une infime allusion à l'irresponsabilité. Ensuite à Madrid où l'opposition de droite à Zapatero s'est payée à l'œil une tranche de nationalisme gratuit, avec au passage une sanglante griffe à Zapatero, sur le thème : Même si Nicolas Sarkozy a raison sur le fond , nous devons être solidaires avec notre Premier ministre attaqué depuis l'étranger. Le contexte médiatique entre les deux hommes était tel qu'il fallait imaginer des gestes pour désamorcer toute cette tension accumulée par les grands titres de la presse française et espagnole. Et l'initiative publique en signe d'accalmie et de bonnes dispositions et d'absence de rancune est venue de Madrid. Le gouvernement espagnol a décidé de décerner «Le collier de l'Ordre royal de Carlos III» à Nicolas Sarkozy et à Carla Bruni. Cette médaille, la plus haute distinction civile espagnole, créée par le Roi Carlos III en 1771, est traditionnellement octroyée à tous ceux qui ont rendu «des service éminents et extraordinaires à l'Espagne». Puis est arrivé le temps des échanges d'amabilités par voie de presse interposée. Tandis que Zapatero choisit le journal «Le Monde» pour dire tout le bien qu'il pense du président français : «Je connais bien Nicolas Sarkozy. Il a toujours été généreux dans la relation, et élogieux. Il n'y a donc aucun problème», Sarkozy de son côté avait jeté son dévolu sur « El Pais» pour dire que leurs relations «vont bien au-delà d'une simple relation entre dirigeants étrangers (…) Nous avons l'un pour l'autre une grande estime, une affection sincère et, je crois pouvoir le dire, une réelle amitié». Au cours de cette visite de Nicolas Sarkozy à Madrid qui a vu l'ambassade de France recevoir un nombre record de demandes d'accréditation de journalistes, la presse semble avoir déjà choisi les deux angles croustillants pour couvrir ce déplacement. Le premier est politique : Comment Nicolas Sarkozy va-t-il se comporter avec Zapatero durant ces deux jours de visite pour faire oublier cette brouille sur le déficit d'intelligence chez l'un qui a trahi un surcroît d'arrogance chez l'autre ? Quel tango endiablé vont-il danser tous les deux devant leurs opinions pour faire oublier le plus violent couac que leurs relations ont connu ces derniers années ? Le second angle est celui de Carla Bruni Sarkozy. Après avoir fait un malheur chez les Britanniques avec son élégance sobre, son sourire ravageur et son anglais fluide, la presse de Madrid qui parle déjà de «l'ouragan Bruni» aiguise ses téléobjectifs pour immortaliser une compétition invisible, un duel non déclaré de charme, d'élégance entre Carla Bruni Sarkozy et Letizia Ortiz Rocasolano, épouse de l'héritier de la couronne d'Espagne, Philipe de Borbon prince des Asturies. Le combat s'annonce rude et serré entre une belle journaliste espagnole devenue princesse, et un top model italien, devenue chanteuse et premiere Dame de France.